Anonyme [1649], TROISIESME ET DERNIER SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR LE IEVDY DE L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_87. Cote locale : C_10_10.
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à celle de S. Augustin, qui dit, que tout ce que nous
sommes, nous le sommes par la faueur de la grace, & non
pas par le merite de nostre nature, Quidquid sumus illud sumus
benesicio gratiæ, non naturæ merito De sorte que les Anges qui sont
immortels, les Cieux qui sont incorruptibles ; l’homme qui
ne fut point mort dans le Paradis au cas qu’il y eut conserué
la iustice originelle, ne possedent ces auantages & ces priuileges,
que des liberalitez de Dieu ; ce sont des faueurs de ses
mains, & non pas des recompenses deuës à leurs merites,
& pour en parler auec la Foy Catholique, la Theologie, &
l’Apostre, il n’y a que Dieu seul qui soit naturellement &
necessairement tout ce qu’il est, & ce qu’il sera eternellement,
Qui solus habet immortalitatem.

 

S. Aug.

Neantmoins S. Thomas en sa premiere partie, Question
nonante septiesme, Article premiere, Hugues de
S. Victor, & Strabo sur la Genese soustiennent que l’arbre
de vie auoit cette proprieté naturelle, par la quelle son fruict
estoit veritablement appellé fruict de vie, ou selon les Hebreux
fruict des vies ; soit parce qu’il donnoit à l’homme
vne vie tres-longue, & qui estoit comme beaucoup de vies
ensemble eu égard à celle que les hommes parcourent
maintenant, soit parce qu’il conseruoit en sa vigueur les
trois vies, à sçauoir, la Vegetatiue, la Sensitiue, & l’Intellectuelle :
ou bien parce qu’il n’eut pas donné seulement la
vie à Adam, mais encor à tous ses descendans. De sorte
que les Gentils ont de là tiré les feintes du Nectar des
Dieux, qui ne permettoit pas à ceux qui le beuuoient de
mourir, de leur Ambrosie qui rendoit immortels ceux qu’elle
enyuroit, & de mille autres resueries que ces esprits enueloppez
parmy les tenebres de l’idolatrie s’alloient figurant.

Ad
Rom.
c. 9.

Or Chrestiens, il est certain que cét Arbre de Vie planté
dans le milieu du Paradis, n’estoit qu’vne foible figure du
S. Sacrement de l’Eucharistie, laquelle est veritablement
l’Arbre de la Vie Spirituelle de nos ames, & le Sauueur
du Monde, l’Oracle de la verité l’appellant en plusieurs endroits
Pain de Vie, proteste que ceux qui en mangeront

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Anonyme [1649], TROISIESME ET DERNIER SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR LE IEVDY DE L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_87. Cote locale : C_10_10.