Anonyme [1649], TROISIESME ET DERNIER SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR LE IEVDY DE L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_87. Cote locale : C_10_10.
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dignement possederont la vie eternelle, là où les autres qui
le mangeront comme vne viande commune sans respect
& sans reuerence seront condamnez à la mort des enfers.
Iugez de là de quel crime sont coupables ceux qui auec
des mains sanglantes arrachent cet Arbre fontaine de Vie
de dessus les Autels pour luy donner la mort, ou qui auec
les puanteurs de leurs vices abominables, & de leurs consciences
corrompuës l’empoisonnement mal-heureusement,
certes ce sont parricides qui tuent l’Autheur de la
Vie, & qui le vont assassiner iusques dans son Thrône, dit
S. Chrysostome, Authorem vitæ interficiunt quoties panem vitæ
in conscientia impura recipiunt.

 

Vn Autheur moderne tres sçauant & tres vertueux s’étonne
comment vne ame qui se sent coupable d’vn peché
mortel peut auoir la hardiesse d’approcher du S. Sacrement
de l’Eucharistie sçachant que l’Eglise, les Canons, & les
Peres le deffendent absolument, & qu’au lieu d’y trouuer
en cét estat quelque soulagemẽt à ses infirmités spirituelles,
elle n’y peut rencontrer que la condamnation de sa mort.
L’on est obligé de pratiquer plusieurs exercices de religion
méme en peché mortel, & souuent ces exercices pratiqués
auec vn esprit d’humilité sont des moyens pour arriuer à la
grace. Mais quand il est question de communier & de receuoir
son Dieu, il faut y venir auec vne pureté égalle à celle
des Anges. Neantmoins S. Cirille m’apprend que la vertu
de ce diuin sacrement est si grande & si admirable que le
diable méme apprehende que ceux qui le reçoiuent indignement
ne soient tellement échauffés de ses flammes qu’ils
ne se conuertissent & ne deuiennent des Saincts. C’est pourquoy
expliquant quelques parolles du neufiesme chapitre
de S. Iean, il dit, qu’en méme temps que Iudas eut communié
de la propre main de Iesus-Christ, que le demon ne
l’abandonna point & ne le laissa iamais en repos iusques à
ce qu’il l’eut porté au desespoir crainte qu’en differant dauantage,
ce damné ne vint à se conuertir & à se deffaire des
griffes de ce monstre infernal. Etiam Iudam cum post panem
omnino separauerit, ne scintillam in animo accenderit ac inde illuminauerit

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Anonyme [1649], TROISIESME ET DERNIER SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR LE IEVDY DE L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_87. Cote locale : C_10_10.