Anonyme [1649], SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. PREMIERE PARTIE. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_78. Cote locale : C_10_8.
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S. Chrysostome, voyant que Dieu par vne tendresse d’affection
infiniment plus grande que n’est celle des peres &
des meres de la terre qui souuent abandonnent leurs enfans,
ou du moins les donnent à nourrir à d’autres ; nous
esleue dans son propre sein, & auec ses propres mains,
nous allaitte de ses propres mammelles, meliora sunt vbera
tua vino ; & nous nourrit de son propre corps.

 

Rom.
12. c.

Ad
Heb 6. 4.

Eccles.
6. 16..

Psal.
160.

Augin
Ps.
160.

Seneca
lib. 3.
de Benef.

Cæntic.
2. lc.

Le second degré d’ingratitude, dit le mesme Seneque,
c’est lors que l’on se sert des faueurs d’vne personne pour
l’offencer. Vn Empereur autrefois apres auoir beaucoup
obligé les Citoyens d’vne des villes de son Empire, & les
auoir gratifiez de quantité de priuileges, sçachant qu’ils
s’estoient reuoltez contre luy, fasché d’vne si insigne lascheté
se resolut de les perdre, & les chastier de leur crime.
L’Euesque de la ville connoissant l’animosité du Roy, &
le iuste sujet qu’il auoit de se mettre en colere, touché de
compassion pour ces miserables, fut trouuer sa Majesté &
prosterné à ses pieds demanda misericorde pour eux, & s’efforça
par ses larmes d’obtenir leur grace. L’Empereur le
releuant auec respect, luy dit. Quoy grand Prelat, pouuez
vous bien prier pour des ingrats qui ne meritẽt que des punitions,
& qui sont indignes de pardon ; est-ce à cause que
i’auois releué cette ville iusques à vn tel poinct d’honneur,
qu’elle ne pouuoit monter plus haut ? est-ce à cause des priuileges
que ie leur auois donné ? ou peut estre à cause que
ie les auois trop aymez, & luy desduisant tous ces biensfaits
luy demanda lequel de tous auoit esté la cause de leur
rebellion ; ce qu’entendant le pauure Euesque tout confus
de tant de reproches, ne trouua point d’autre inuention
pour mieux plaider sa cause que de ranger du costé de la
Iustice, & luy repartir les larmes aux yeux, & les souspirs
au cœur : Grand Prince nous confessons nostre faute, &
auoüons franchemẽt que nous sommes tres-coupables de
vous auoir offensé. Mais prenez vous en à vous mesme de
ce que vous nous auez si fort honorez, & fauorisez de si
puissantes obligations que nous n’auons peu demeurer
long-temps dans nostre bon-heur, les demons enuiant

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