Anonyme [1649], SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. PREMIERE PARTIE. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_78. Cote locale : C_10_8.
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œuures, il ne produit rien dans les criminelles d’ingratitudes
que des espines qui les deschirent, & qui leurs
font dire auec Dauid lors qu’il fut mal-heureusement tombé
dans le pechez de la plus lasche ingratitude qui se puisse
imaginer. Effusus sum sicut aqua. Ie me suis répendu comme
l’eau. Surquoy s’escrie admirablement le grand S. Augustin.
Ideò Dauid effusus est sicut aqua quia in gratitudinis conscius indignè presumpsit
bibere de petra de qua sancti patres sancté biberunt in deserto.
Les graces, les faueurs les liberalités, les auantages que le
Prophete Roy a receu du Ciel, lors qu’il estoit selon le cœur
de son Dieu, se sont comme éuanoüis de son ame à l’instant
méme qu’il est deuenu amoureux de Betlabée, & que par
vne mécognoissance indigne de la grandeur d’vn sceptre, il
s’est oublié de ce qu’il deuoit à son bien-facteurs : Seneque
remarque que l’ingratitude peut monter au comble de sa
malice par deux degrés dont le premier est l’oubliance des
biens-faits receus. Ingratus est qui non reddit. Ainsi l’Histoire
blasme Neron ce monstre de nature de ce qu’il prenoit
plaisir à voir les feux & les flammes qui embrasoient sa patrie.
Volumnia Dame Romaine & genereuse : fit d’insignes
reproches à son fils Coriolanus de ce qu’il auoit assiegé
la ville de Rome, dont il estoit natif, & de ce qu’oubliant
les honneurs, & les respects que les Citoyens luy auoient
autrefois rendu, il estoit sur le poinct de la prendre, & la
liurer entre les mains des ennemis des Romains. De sorte
qu’vn certain Citoyen de Rome, ne pouuant supporter ces
desordres, s’escria disant ! ô mal-heur ! ô detestable crime
d’ingratitude de leuer les armes contre sa patrie, & de planter
la lance dans le sein de celle qui nous a nourrie, Messieurs :
Le Fils de Dieu en ce Sacrement de nos Autels que
nous adorons non seulement est vne patrie Celeste, puis
que la Cour est tousiours par tout où le Roy est, & que les
Seraphins y demeurent auec les mesmes respects que dans
l’empirée, mais il y est encor la veritable nourriture de nos
ames, & par vn prodige estrange de son amour infiny il
nous y substante de sa propre chair, & de son propre sang,
ô estonnement qui fait fremir les Anges, s’escrie le grand
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Anonyme [1649], SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. PREMIERE PARTIE. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_78. Cote locale : C_10_8.