Anonyme [1649], LES SENTIMENS DV PVBLIC, TOVCHANT LA DOCTRINE preschée, par le Pere Favre. , françaisRéférence RIM : M0_3656. Cote locale : A_7_30.
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V.

Que supposer de la desobeissance & rebellion & quelque autre
crime que ce soit de leze-Majesté, au Parlement de Paris c’estoit
vne fourbe dont les petits enfans mesmes estoient desabusez.
Son procedé & celuy des Ministres sont trop cogneus à
tout le monde, pour vous donner lieu de tirer vne si maudite
consequence d’vn si faux antecedent. Mais quand il seroit aussi
vray, comme vous sçauez vous mesme qu’il est imaginaire & inuenté,
vous n’auriez pas encore ce que vous pretendez. Car
quand le Parlement auroit esté coupable, ou en tout ou en partie,
le peuple n’en doit pas souffrir la penitence. N’y auoit-il pas
d’autres moyens en la puissance du Roy pour les punir, que par
les sacrileges, les meurtres & la ruyne des innocents ? N’est-il pas
le maistre de la Iustice ? n’a-t’il pas les forces en la main ? Est-ce le
Parlement qui l’a chassé de Paris, & qui s’est armé pour le poursuiure ?
N’a-t’il pas deputé Messieurs les Procureurs & Aduocats
Generaux, pour demander le nom de ceux dont on se plaignoit
d’auoir intelligence auec l’Estranger, afin de leur faire leur procez ?
A dire vray, nostre Maistre, cela presse ; Et pour moy, encore
que ie n’aye pas estudié & que ie ne sois qu’vn pauure Frere,
neantmoins parce que ie sçay certainemẽt que tout cela est vray,
ie ne sçay que dire de ce dont on vous blasme, sinon que c’est vne
charité que l’on vous preste, & que vous n’auez iamais esté si priué
de iugement, d’auancer des choses si contraires à vostre science,
à vostre créance & à vostre profession.

VI.

Que vous donnez à la Reine autant de puissance & d’autorité
qu’à Dieu, puis qu’il n’y a que luy qui par vn pouuoir absolu puisse
disposer de la vie & des biens des hommes. Ainsi quand vous
dites, que la Reine peut sans offencer faire ce qu’elle fait, c’est à
dire, exposer au pillage des soldats & des estrangers, tantost vn
village, tantost vn autre, sans que ces pauures gens soient coulpables
d’aucune offence, n’est-ce pas luy donner la mesme authorité
& en pareil degré qu’à Dieu, sur leurs biens & sur leurs
personnes ? elle dis-ie, qui n’en a pas mesme aucune temporelle,
n’estant que Regente ou Tutrice & non pas Souueraine.

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Anonyme [1649], LES SENTIMENS DV PVBLIC, TOVCHANT LA DOCTRINE preschée, par le Pere Favre. , françaisRéférence RIM : M0_3656. Cote locale : A_7_30.