Anonyme [1649], LES SENTIMENS DV PVBLIC, TOVCHANT LA DOCTRINE preschée, par le Pere Favre. , françaisRéférence RIM : M0_3656. Cote locale : A_7_30.
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VII.

Que par cette mauuaise & pernicieuse doctrine, outre les suittes
malheureuses qu’elle traisnoit, vous offenciez indifferemmẽt
toutes sortes de personnes & de toutes conditions ; tous les Corps
& Communautez, Ecclesiastiques, regulieres & Politiques. PREMIEREMENT
vous offenciez le Parlement de Paris, dont la
Iustice & la probité sont cogneuës de tout le monde. Car disant
que la Reine peut les traitter auec tant de seuerité, qu’à leur
occasion elle a droit d’oster le bien, la vie, & l’honneur à tout vn
peuple innocent, qu’est ce à dire autre chose, sinon qu’ils sont
coupables d’vn crime qui ne se peut imaginer ? Ioint que les obligations
qu’ils ont de trauailler à la distribution de la Iustice, & à
la conseruation des sujets du Roy, principalement durant sa minorité,
les ayant forcez de prononcer contre la mauuaise & deplorable
conduitte pour l’Estat, du Cardinal Mazarin, faut il pas
dire qu’ils sont ignorans & malicieux au dernier point, si vostre
doctrine est veritable ? Car ou leurs Arrests sont equitables, & alors
vous deuez passer pour faulsaire & pour flateur : ou si la raison est
de vostre costé, vous prononcez definitiuement contre l’honneur
d’vn si grand nombre de sçauans & de sages Senateurs.

VIII.

Que par la mesme raison vous offencez tout le Clergé, & irritant
les Euesques les obligez à ne soufrir iamais que vous fassiez
aucun exercice ny de predication, ny d’administration d’aucun
Sacrement dans leurs Dioceses : & à former leur opposition en
Cour de Rome pour empescher que vous ne soyez iamais de leur
Corps, en cas que sa Majesté pour recompenser vos flateries, vous
fauorisast de sa nomination. Car, disoient ces Messieurs, quelle
apparence de donner la liberté de la Chaire & de la predication
de l’Euangile, à vne bouche qui exhale vn poison si dangereux ?
Quelle seureté pour la conscience des fideles, de donner sceance
sur le Tribunal de la Penitence, à vne personne qui enseigne vne
Morale si prodigieuse ? Quels crimes ne changera-il pas en vertus,
puis qu’il louë les viols & les sacrileges ? Et s’il falloit auoir des
Euesques de cette trempe, où en seroit l’Eglise, & pour sa Foy &
pour ses mœurs & pour sa conduitte ? Dieu blasme dans l’Escriture
les Pasteurs qui gardent le silẽce au lieu de corriger les defauts de

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Anonyme [1649], LES SENTIMENS DV PVBLIC, TOVCHANT LA DOCTRINE preschée, par le Pere Favre. , françaisRéférence RIM : M0_3656. Cote locale : A_7_30.