Mazarin, Jules [signé] [faux] [1652], RESPONSE DV CARDINAL MAZARIN A vne Dame de haute condition qui pensoit le consoler, en luy donnant aduis de la mort d’vn sien petit Bastard âgé de quatre ans. , françaisRéférence RIM : M0_3426. Cote locale : B_13_52.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 4 --

& condamner les recompenses de ses bien-heureux.
La Religion s’oppose à ce blaspheme,
la nature y repugne, & la raison n’y peut pas
consentir, parce que nous blasmons ce que nous
ne pouuons euiter, & que nous resistons a nostre
propre Salut faisant vn vice & vne iniustice de ce
qui nous est naturel. C’est nous descrier nous
mesmes, c’est estre ennemy de nostre bon heur ;
& trop mesconessans de ce que nous sommes,
& comme si les hommes n’estoient pas tous egalement
libres en l’vsage de leurs corps, nous
voulons tiranniser les vns, pour fauoriser les autres,
& derober les plaisirs d’autruy, sans pouuoir
augmenter les nostres ; qui est vne violence
digne de la foiblesse humaine, vne jalousie
enuieuse & inutile, & vne inuention capable
seulement d’esguiser les sens & l’apetit, puisque
la liberte nous est si chere, & qu’il n’y a personne
qui ne combatte pour en jouir, & qui ne face
tous ses efforts pour secoüer le joug de l’esclauage,
& la rigueur d’vne captiuité honteuse & insuportable.
L’amour seroit inutil au monde si on
ne le pratiquoit, nous pairions la nature d’ingratitude
en ne luy rendant pas ce qu’elle nous
a presté, & s’il n’estoit permis d’aimer chacun
a sa mode, les hommes ne seroient point esgaux
en leur estre, & par ainsi ils auroient suiet de se
plaindre de celuy qui les a fait & creés par vn
mesme principe, & pour vne mesme fin. Il est


page précédent(e)

page suivant(e)