Anonyme [1649], TROISIESME ET DERNIER SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR LE IEVDY DE L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_87. Cote locale : C_10_10.
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dressées, que l’on l’arrache des Autels, ausquels il auoit eu
recours, & que l’on le tuë auec des rigueurs & des cruautez
dignes de son crime. Si quis per indu, triam & per [1 mot ill.] occiderit
proximum suum ab altari meo auellas eum & noriatur. Que si
c’est vn si grand crime que de deffaire vn homme parce
qu’il est fait, dit la mesme Loy, à l’image de Dieu, que serace
de tuer Iesus-Christ. Rous crit corporis & sanguinis Domini.
Sans doute ce mal-heureux, & ce parricide sera coupable
du Corps & du Sang du Sauueur. Paroles qui se peuuent
entendre en trois façons toutes effroyables.

 

Exod.
21.

La premiere est de la glose de S. Basile, qui dit, qu’il peche
contre Iesus-Christ en cette Table de la mesme maniere
que pecheroit vn sujet qui seroit assis à la table de son
Roy auec dessein de le trahir, & le liurer entre les mains de
ses ennemis. Sans doute cette Communion criminelle
merite les rouës, les supplices, les chastimens que l on donne
ordinairement à ces creatures : Voire-elle merite dautant
de plus rudes punitions qu’elle trahit vn Dieu de douceur
& de clemence, qui en cét estat, dit S. Bernard, semble
n’auoir de voix que pour plaindre nos mal-heurs, ou
pour ietter des larmes sur nos miseres, & non point des
mains pour se vanger de nos crimes, ou pour chastier nos
rebellions. Ouy, dit le mesme S. Bernard, ce Dieu caché
sous les especes du Pain & du Vin, qui dans l’Ancien Testament
estoit le Lion de la tribu de Iuda, qui faisoit trembler
les Anges, les hommes, & les demons, n’est plus maintenant
qu’vn Agneau qui pardonne les pechez, & qui apres
auoir succé le lait de Marie, n’a plus que des tendresses
pour les hommes.

Le second sens de ces paroles, c’est qu’il peche directement
contre ce Corps precieux de Iesus-Christ, dit la Glose,
qui est instrument & seruiteur excellent de la Diuinité, & cõme
celuy qui frappe ou offence vn veritable heritier de la
couronne est criminel de leze Majesté, parce qu’il s’attaque
mesme à la personne de son Prince, ainsi communier
indignement, c’est offencer directement ce corps, & par
luy la diuinité mesme en ces trois Personnes du Sacré ternaire



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