Anonyme [1649], TROISIESME ET DERNIER SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR LE IEVDY DE L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_87. Cote locale : C_10_10.
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qui est le plus grand de tous les pechez, & le plus espouuentable
de tous les parricides, Directé committit peccatum
contra corpus Christi.

 

Le troisiesme sens de ces paroles, c’est qu’il se rend aussi
coupable par vne indigne Communion, que les bourreaux
& les tyrans qui ont mal-heureusement crucifié le Fils de
Dieu, & qui luy ont tiré iusques à la derniere goutte du
sang de ses veines, Reus est cædis dominicæ, ac si Dominum occidisset,
& Christi sanguinem effudisset, dit Theophilacte.
Ouy, il peche aussi mortellement que s’il tuoit Iesus-Christ
de ses propres mains, & qu’il fit couler son sang par des
foüets, des espines, & des cloux. Ie m’emporteicy auec le
Venerable Bede, & m’escrie auec ce grand homme, In
sempiternum væ homini illi qui ad mensam Domini indigné accedit.
Ille in exemplum Iudæ Filium hominis tradit, non quidem
Iudæis peccantibus, sed membris suis peccatoribus. Que mille
maledictions tombent sur la teste de celuy qui communie
indignement ; que tous les mal-heurs imaginables l’accablent ;
puis qu’à l’exemple de Iudas ce perfide, & ce damné
il liure le Corps de Iesus-Christ, non pas aux Iuifs criminels
pour l’attacher à vn gibet, mais aux pecheurs pour le tourmenter
dauantage que la Croix, & l’affliger auec plus de
rigueur que ne firent iamais les bourreaux du Caluaire.
Chrestiens la cruauté des Iuifs ne vous met-elle point en
colere quand vous entendez dire, ce que l’Euangile vous
presche, comme le fondement de nostre Religion, & comme
le principe de tous les Mysteres que nous adorons, &
que la foy nous oblige de croire qu’vn Dieu descendu parmy
eux, par l’excés d’vn amour incomparable, s’abbaisse
dans vn corps mortel semblable au leur pour les sauuer, &
qu’apres mille flammes de ce feu qui le deuore & qui le
consomme, vous voyez ces furieux apres mille injures &
infamies le prendre dans vn jardin, le lier de cordes & de
chaisnes, le traisner dans les bouës, le fouler aux pieds comme
vn coquin, le baigner dans son propre sang, luy d’eschirer
la peau à coups de foüets, le couronner d’espines,
l’attacher auec des cloux à vn poteau infame, & le faire expirer

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Anonyme [1649], TROISIESME ET DERNIER SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR LE IEVDY DE L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_87. Cote locale : C_10_10.