Anonyme [1652], OVIDE PARLANT A TIESTE, Luy monstrant l’ordre qu’il doit tenir pour gouuerner vn Estat, & le rendre victorieux malgré ses Ennemis. I. Que la Coustume doit estre obseruée, sans que l’on y puisse mettre empeschement. II. Que les Loix receuës, ne se doiuent aucunement changer. III. Que l’Espée roüillée de Iustice, peut perdre le Mazarin par ses nouuelles Loix. IV. Que les Loix permettent d’appeler mains ennemies pour esuiter vne continuelle guerre. V. Que les Vertus modernes, ce doiuent loüer autant que les anciennes. VI. Que son Altesse Royalle, Messieurs les Princes, & le Parlement, sont obligez de retirer le Roy d’entre les mains du Mazarin. , français, latinRéférence RIM : M0_2637. Cote locale : C_12_36.
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où la richesse estoit en telle mépris, que le plus chetif
citoyen de la ville n’eust daigné baisser le bras pour
amasser vn bourse d’escus. Et sçauons des regions
tres fertiles en toutes façons de viures, où toutesfois
les plus ordinaires mets & les plus sauoureux, estoient
du pain, du nasitor & de l’eau. Fit-elle pas
encore ce miracle en Cio, qu’il s’y passa sept cens
ans, sans memoire que femme ny fille y eust fait faute
à son honneur ? Et somme à ma fantaisie, il n’est rien
qu’elle ne fasse, ou qu’elle ne puisse : & auec raison
l’appelle Pindarus, à ce qu’on m’a dit, la Rome &
Emperiere du monde. Celuy qu’on rencontra battant
son pere, respondit, que c’estoit la coustume de
sa maison, que son pere auoit ainsi batu son ayeul,
son ayeul son bisayeul, & monstrant son fils : Cestuy-cy
me battera, quand il sera venu au terme de l’âge où
ie suis. Et le pere que le fils tirassoit & sabouloit emmy
la ruë, luy commanda de s’arrester à certain huis,
luy n’auoit traisné son pere que iusques là : c’estoit la
borne des iniurieux traitemens hereditaires, que les
enfans auoient en vsage faire aux peres en leurs famille.
Par coustume, dit Aristote, aussi souuent que
par maladie, des femmes s’arrachent le poil, rongnent
leurs ongles, mangent des charbons & de la
terre : & plus par coustume que par nature, les masles
se meslent aux masles. Les loix de la conscience que
nous disons naistre de nature, naissent de la coustume ;
chacun ayant en veneration interne les opinions
& mœurs approuuées & receuës autour de luy, ne
s’en peut despendre sans remors, ny s’y appliquer
sans applaudissement. Quand ceux de Grece vouloient
au temps passé maudire quelqu’vn, ils prioient
les Dieux de l’engager en quelque mauuaise coustume.
Mais le principal effet de sa puissance, c’est de
nous saisir & empieter de telle sorte, qu’à peine soit-il
en nous de nous rauoir de sa prise, & de r’entrer


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