Anonyme [1652], OVIDE PARLANT A TIESTE, Luy monstrant l’ordre qu’il doit tenir pour gouuerner vn Estat, & le rendre victorieux malgré ses Ennemis. I. Que la Coustume doit estre obseruée, sans que l’on y puisse mettre empeschement. II. Que les Loix receuës, ne se doiuent aucunement changer. III. Que l’Espée roüillée de Iustice, peut perdre le Mazarin par ses nouuelles Loix. IV. Que les Loix permettent d’appeler mains ennemies pour esuiter vne continuelle guerre. V. Que les Vertus modernes, ce doiuent loüer autant que les anciennes. VI. Que son Altesse Royalle, Messieurs les Princes, & le Parlement, sont obligez de retirer le Roy d’entre les mains du Mazarin. , français, latinRéférence RIM : M0_2637. Cote locale : C_12_36.
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en nous, pour discourir & raisonner de ses ordonnances.
De vray, parce que nous les humons auec le laict
de nostre naissance, & que le visage du monde se
presente en cét estat à nostre premiere veuë ; il semble
que nous soyons nais à la condition de suiure ce
train. Et les communes imaginations que nous trouuons
en credit autour de nous, & infuses en nostre
ame par la semence de nos peres, il semble que ce
soient les generales & naturelles. Par où il aduient
que ce qui est hors les gonds de la coustume, on le
croit hors les gonds de la raison. Dieu sçait combien
déraisonnablement le plus souuent. Si comme nous
qui nous estudions, auons appris de faire, chacun qui
oit vne iuste sentence, regardoit incontinent par où
elle luy appartient en son propre ; chacun trouueroit
que cette-cy n’est pas tant vn bon mot, comme vn
bon coup de foüet à la bestise ordinaire de son iugement.
Mais on reçoit les aduis de la verité & ses
preceptes, comme addressez au peuple, non iamais
à soy : & au lieu de les coucher sur ses mœurs, chacun
les couche en sa memoire, tres-sottement &
tres-inutilement. Reuenons à l’Empire de la coustume.
Les peuples nourris à la liberté & à se commander
eux-mesmes, estiment toute autre forme de police
monstrueuse & contre nature ; ceux qui sont duits
à la Monarchie en font de mesme. Et quelque facilité
que leur preste fortune au changement, lors
mesme qu’ils se sont auec grandes difficultez deffaits
de l’importunité d’vn maistre, ils courent à en replanter
vn nouueau auec pareilles difficultez, pour
ne se pouuoir resoudre de prendre en haine la maistrise.
C’est par l’entremise de la coustume que chacun
est contant du lieu où nature l’a planté : & les
sauuages d’Escosse n’ont que faire de la Touraine,
ny les Scythes de la Thessalie. Darius demandoit à
quelques Grecs, pour combien ils voudroient prendre
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Anonyme [1652], OVIDE PARLANT A TIESTE, Luy monstrant l’ordre qu’il doit tenir pour gouuerner vn Estat, & le rendre victorieux malgré ses Ennemis. I. Que la Coustume doit estre obseruée, sans que l’on y puisse mettre empeschement. II. Que les Loix receuës, ne se doiuent aucunement changer. III. Que l’Espée roüillée de Iustice, peut perdre le Mazarin par ses nouuelles Loix. IV. Que les Loix permettent d’appeler mains ennemies pour esuiter vne continuelle guerre. V. Que les Vertus modernes, ce doiuent loüer autant que les anciennes. VI. Que son Altesse Royalle, Messieurs les Princes, & le Parlement, sont obligez de retirer le Roy d’entre les mains du Mazarin. , français, latinRéférence RIM : M0_2637. Cote locale : C_12_36.