Anonyme [1649], LETTRE DES PROVINCES DE FRANCE, AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_2079. Cote locale : E_1_31.
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principaux Magistrats, & pour n’auoir point de
Chefs à qui nous puissions confier la conduite de nos
desseins, de nos biens & de nos vies, pour vne si sainte
& si importante cause. Nous vous coniurons de le
croire, par tout ce qu’il y a de plus cher entre nous, &
que quand nos interests ne seroient point comme ils
sont inseparablement meslez auec les vostres, nous
dirons dauantage, que quãd vostre perte deuroit faire
nostre bon heur, & vostre ruine nos fortunes, nous
ne pourrions deuenir si barbares que de les achepter
aux despens du moindre de nos freres, ny pour
les voir souffrir sans leur prester le secours que tous
les deuoirs ensemble exigent de nous en ce rencontre
& dans vn si estrange accident. Prenez donc seulement
courage, MESSIEVRS, nous sommes à
vous, & si nous attendons, ce n’est que de voir des
Capitaines qui nous commandent, & sous qui nos
armes puissent heureusement paroistre pour vostre
deliurance. Au reste que pouuez-vous craindre ? le
Ciel qui protege tousiours tost ou tard l’innocent
contre l’oppresseur, & le coupable s’est visiblement
declaré pour la Iustice de vos armes, toute la France
la connoist, tous les vrays François enuient l’honneur
de la sceller de leur sang, & la voix publique
nous apprend que l’Espagne mesme, toute ambitieuse
de gloire, qu’elle a tousiours esté, prefere à toutes
les conquestes qu’elle pourroit faire pendant
nos diuisions, celle de pouuoir mesler le sien à vn si
iuste & si illustre sacrifice. Tant il est vray que le Ciel


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