Anonyme [1652], L’ESPRIT DV FEV ROY LOVIS XIII. A SON FILS LOVIS XIV. Luy monstrant que la mauuaise conduite de Mazarin, est la cause des troubles de l’Estat. Et luy donnant les moyens infaillibles de les appaiser, par son retour en sa bonne Ville de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_1287. Cote locale : B_3_3.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 44 --

Barcelonne, & de tant d’autres places, que vous perdez,
& dont la perte est irreparable aprés l’occasion
perduë, & ne se peut reparer que par le prix de
beaucoup de millions, & l’effusion de beaucoup
de sang ? Que si l’on ne peut connoistre vn Ministre
d’Estat d’auec vn paysan, tandis que l’vn &
l’autre dorment, croyez-vous estre Roy tant que
vous vous amuserez au ieu de quilles ? & qu’on vous
puisse connoistre pour tel entre ceux auec lesquels
vous vous diuertissez à ce jeu. Si l’Estat suit l’application
de l’esprit, pour estre Roy, il faut le faire
tousiours, c’est à dire, veiller tousiours aux soins
de ses peuples ; & pour estre excellent Prince, il faut
y veiller d’vne façon extraordinaire, en rendant
nostre action plus forte, plus vigoureuse, que celle
des autres, pour ne nous faire ce noble reproche
de Titus à soy-mesme, quand il auoit esté distrait
de ces soins quelques heures du iour. Amici diem
perdidi : Ne dites-point que l’Estat est le bien des
Princes particulierement, & que par consequent
les pertes qu’il fait de ses terres & de ses villes ne
doiuent toucher que luy. Les pretextes que nous
prismes pour faire des exactions sur les peuples,
leur ont bien donné d’autres pensées dans la promesses
que leur faisoit le feu Cardinal, de les affranchir
de ces tributs, quand on auroit rendu les bornes
anciens à la Frãce. C’est ainsi que chacun croyoit
auoir sujet de se consoler des pertes qu’il faisoit en
particulier dans la gloire & le bien de l’Estat, qui


page précédent(e)

page suivant(e)