Anonyme [1652], L’ESPRIT DV FEV ROY LOVIS LE IVSTE A LA REYNE. Luy tesmoignant ses sensibles regrets sur le mauuais gouuernement de l’Estat. , françaisRéférence RIM : M0_1286. Cote locale : B_4_19.
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poursuiuent depuis beaucoup de mois ? Vous traisnez
le Roy vostre fils de ville en ville, & dans aucun
canton vous n’auez pû venir à bout de vos ennemis.
Ils sont dans Paris, & vous tenez la campagne
inutilement, & l’on dit mesme en riant que
vous auez choisi le sejour des morts pour la Cour
du Roy vostre fils, que vous enterrez ainsi tout viuant,
le tenant enfermé dans sainct Denis, où gisent
tous les corps des Roys ses predecesseurs. Mais
enfin, qu’auez-vous auancé par la force ouuerte,
ou par la ruse ? Vous auez reculé le Duc de Loraine,
mais il emporte vostre argent, & ses troupes
reuiennent contre les vostres sous la conduite d’vn
autre Chef. Vous aués depuis fait attaquer l’armée
des Princes auec le plus d’auantage qu’il vous
a esté possible, & l’affront en est demeuré à vos
Chefs, forcés de faire vne honteuse retraite, ainsi
qu’ils ont honteusement leué le siege de deuant la
bicoque d’Estampes. Que dira la posterité de vos
entreprises & de vos desseins ? Mais qu’en dit desia
toute l’Europe, qui vous accuse certes à l’égal
qu’elle vous plaint : c’est pitié de voir à quel point
cette douleur vous transporte ; mais c’est plus grãde
pitié de contempler les maux qu’elle cause par tout
vostre Empire, & les spectacles d’horreur qu’elle
nous fait voir. Vous hazardés tout, parce que
vous croyez tout perdu pour vous, si vous ne regagnez
tout par la force ? Et pour en vser auec trop
de violence en pressant Paris, vous vnissez ceux
que vous voulés diuiser, comme la vapeur qui petrifie


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