Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.
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bien à qui attribuer l’origine de nos miseres. Ce n’est
point à V. M. que nous reconnoissons nous auoir esté donné
de Dieu, si V. M. qui a iusques icy esté dans l’innocence
de l’enfance, & qui ne monstre que de douces inclinations
pour le gouuernement de ses sujets. La juste haine que nous
auons conceuë contre luy, luy en a fait conceuoir vne injuste
contre nous, & il nous voudroit voir tous ruinez, dautant
que nous demandons seulement sa retraite, il pousse
tout à la desolation, aux incendies & au carnage, & abandonnant
les illustres conquestes de Louys XIII. & les vostres,
il tourne le fer de vos Soldats contre les sujets qui
vous y ont fourny de leur sang : Enfin, Sire, il vous veut
esleuer & nourrir parmy les troubles de vostre Estat, &
vous faire succer auec le laict vne auersion contre nous &
& contre vos Parlemens, comme contre des rebelles ; Est-ce
là, Sire, le moyen de vous faire prendre les sentimens
d’vn bon Prince, & vous pouuoir faire dire vn iour, comme
Philippes Roy de Macedoine, Malo diu benignus ac clemens
quam breui tempore Dominus appellart ; ou auec vn
Theopompus Roy de Sparte, que quelques Courtisans
mal aduisez blasmoient d’auoir estably des Ephores puissans,
qui sembloient beaucoup diminuer de son authorité,
minorem quidem creatis Ephoris ; sed diuturniorem potestatem
relinquo, sçachant fort bien que comme dit Senecque,
Violenta nemo tenuit imperta diu.
Et qu’au contraire, moderata durant. Est-ce là le moyen de
vous aprendre des maximes qui vous fassent dõner vn iour
le tiltre d’Amour du monde, comme à vn Empereur Othon,
ou bien de Pere du peuple, comme à vn Louys XII. O ?
qu’il est croyable que le grand Artaxerxes Roy des Perses,
auoit esté esleué tout d’vn autre façon, & que l’on ne luy
auoit pas enseigné que ce fut faire tort à son authorité que
d’y mettre aucuns bornes. Ce grand Prince disoitor nairement
Nolui abuit potentiœ magnitudine, sed clementia &
lenitate subiectos gubernare ; c’est à dire ie n’ay iamais voulu


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