Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.
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ne soit a son honneur, & que tels articles estans à son deshonneur
& desauantage, il deuoit plustost endurer toutes
extremitez, que de faire aucune paix par la quelle il ne demeurast
le Maistre en tout & par tout, pour disposer des personnes
& des biens à son plaisir Si est-ce que tout le Conseil
du Roy Charles VII. tous les Princes du Sang, tous les
grands Seigneurs du Royaume, tous les Ambassadeurs des
Princes estrangers luy conseillerent de passer ces articles,
quoy qu’vn peu rudes & fascheux, pour le bien de la paix.
Est-il croyable que dans vn si grand nombre de grands personnages,
il n’y en eut aucun aussi sage & aussi clair-voyant
que les Conseillers & les Politiques de ce temps ? si est-ce
que c’estoient tous gens bien sages & bien experimentez
dans les affaires : il y en auoit plusieurs de grand sçauoir,
comme les Deleguez du Concile, de l’Vniuersité de Paris
& des Parlemens : & ceux d’auiourd’huy tout au contraire
ne sçauent que leur Machiauel.

 

Apres tout cela, Sire, nous sommes estonnez comme vostre
Conseil violent, vient resueiller vne guerre cruelle contre
des sujets respectueux, obeїssans, & qui n’ont iamais
monstré à leur, Monarques que de l’amour & du secours
dans les plus vrgentes necessitez de leur Estat ; On persuane
à V. M. pourtant que nous sommes des coupables, que
nous n’auons autre dessein que d’abatre vostre Throsne, &
secoüer le joug de l’obeїssance : celuy qui est l’Intendant de
vos Conseils, le Surintendant de vostre education, fait passer
vostre Parlement de Paris, dans le mesme predicament
que celuy de l’Angleterre, composé des parricides creatures
de Cromvvel ; Ie vois bien aussi qu’il nous fait passer
pour des independans & des souhaitteurs de Republiques.

Il est vray, Sire, que ses maluersations & ses brigandages
intolerables pourroient esmouuoir la patience la plus ferrée,
& pousser vne necessité irritée à des extremitez dangereuses ;
mais, Sire, il raisonne mal de nous vouloir accuser
d’vn crime, parce qu’il est coupable d’vn autre. Nous sçauons

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Anonyme [1652], LETTRE RENDVË AV ROY EN PARTICVLIER, Pour luy representer les dangers ausquels les Princes exposent leurs Estats en poussant à bout la patience de leurs Peuples. Prouué par les Exemples tirez des Histoires Anciennes & Modernes, Estrangeres & Domestiques. , français, latinRéférence RIM : M0_2254. Cote locale : B_2_34.