Anonyme [1649 [?]], LE SILENCE AV BOVT DV DOIGT. , françaisRéférence RIM : M0_3674. Cote locale : D_1_41.
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les autres hommes, mais à cause que les rares
qualitez qu’il possedoit, sembloient qu’il fut quelque
chose de Diuin, ou qu’au moins il falloit le dire
ainsi. Nous deurions faire de mesme dans le temps
où nous sommes, & en toutes les rencontres ou
nous pouuons apprendre ou sçauoir quelques mauuaises
actions de nos Princes, n’en rien dire, ou au
moins le dissimuler, ce sont les Dieux de la terre,
les diuinitez que les Peuples adorent, ne parlons en
quelque façon que ce soit de leurs personnes, il nous
est deffendu : & pour se conseruer, disons tousiours,
cheute cheute pais.

 

Ouy, l’on sçait, que les Reynes ne sont pas moins
suiettes à leurs passiõs, que les autres femmes, qu’elles
prefereroient l’accomplissement de leurs desirs
dereglez, à la ruine de leur estat : que pour porter vn
Sceptre, elles ne laissent pas d’estre tyrannisées par
leurs propres sentimens : que la pópe de leurs habits,
les festins continuels, les plaisirs, les delices, le pouuoir
qu’elles ont, la foiblesse de leur sexe, qui naturellement
aime la volupté : les parfums, les senteurs,
les concers de musique, les voix qui les charment,
les emporrẽt auec violence aux douceurs de l’amour
qu’elles [2 lettres ill.] le plus parfait plaisir du monde.
Mais il faut mettre le doit sur la bouche & dire, Pais.

I’ay ouy dire que sors que Bouquinquam grand
Admiral d’Angleterre artiua en France la Reyne en
deuint passionnément amoureuse, & le Roy extremement
jaloux, iusques là mesme que Bouquimquam
l’allant visiter dedans son lict ou elle estoit
incommodée contre l’ordinaire des princesses qui



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