cét homme qui se plaignoit à moy de ce qu’il
n’auoit point veu de Caresme-prenant cette année,
depuis le commencement de la guerre de
Paris, estoit peu intelligent dans les affaires, ou
pour le moins n’estoit pas grand politique du
temps, puisque nous ne sçaurions mieux representer
les choses, comme elles se passent à present,
que sous la figure d’vn iour de Mardy-gras,
où les vns font bonne chere cependant que les
autres meurent de faim, où plusieurs s’engraissent
aux despens d’autruy, où l’on voit plusieurs
Cuisines qui estoient auparauant mal échauffées,
& qui maintenant se bruslent en consommant
les autres. N’est-ce pas estre à Caresme-prenant,
puisque chacun jouë son compagnon,
& tasche de le piper au jeu : mais ce qui est de
plus déplorable, c’est que ceux qui joüent, apres
auoir bien battu & manié les cartes par vne d’exterité
merueilleuse, ne laisse pas de les broüiller,
& par consequent tousiours gaignent. D’ailleurs
ne sommes-nous pas veritablement à Caresme-prenant,
puisque nous ne voyons que
fourbes & déguisemens, que visages empruntés,
& que masques colorés : les plus adroits portent
le masque de la deuotion & de la complaisance,
les autres de la pieté, de la vertu, de la Religion :
quelques-vns portent vne conscience

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