Anonyme [1652], LE FIDELE EMPIRIQVE OV LE PVISSANT HELLEBORE D’VN ANTI-MACHIAVEL : Pour contenter les Mal-contens de l’Estat, & affermir la Liberté des Peuples. "Cœcus est qui Veritatem odit." , français, latinRéférence RIM : M0_1387. Cote locale : B_18_33.
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Cette consequence n’est peint bonne, Car premierement
il est vray, que pour vn qui a l’intention droite, il y en a dix
qui l’ont entierement peruertie & corrompuë Et à ce propos
il se faut ressouuenir de ce que nous auons remarqué
icy deuant, par ans de autres pretextes de seditions, qu’encores
que les gens de bien ayent ordinairement plus de sujet
d’estre mal-contens que les autres, si est ce qu’il arriue
peu, qu’il brassent aucune faction car outre que la vertu
n’est point seditieuse, aussi puis qu’il se trouue infiniement
moins de gens de bien & vertueux, que d’autres, leur party
seroit trop foible.

Il est vray que l’on a veu souuent plusieurs gens de bien
enueloppés dedans ces factions, où leur courage & la haine
du vice les auoit porté ; mais cela n’est point vn des effets
de leur probité, mais plutost de leur erreur.

Secondement, tout ce qui se fait à bonne fin n’est point
toûjours bon, combien que ce qui se fait à mauuais dessein
soit toujours mauuais en soy, & ne soit iamais bon, que
par accident. Il faut joindre à la bonne intention la bonne
procedure, & faut que ce qui est bon en soy, s’execute par
bons moyens & correspondans à la bonne intention.

Or aprés auoir consideré la qualité des personnes qui
s’offrent pour reformer vn Estat, il faut venir aux vrayes
causes ? & tascher de les distinguer d’auec les pretextes : à
quoy seruira beaucoup la consideration que nous venons
de toucher de l’humeur & comportemens de ces gens là.
Mon dessein n’est point icy d’entrer aux causes principales
& plus importantes, qui ont formé ces discordes : ie ne
toucheray que les moins precieuses, qui ont seruy neantmoins
à tels souleuemens. Car entre ceux qui se plaignent
de l’Estat des affaires & du gouuernement ; vous trouuerés
que les vns descrient ceux qui sont dans les affaires ; ou
qui ont le gouuernement, afin d’entrer en leur place, d’autres
estiment que leurs seruices ne sont point recognus, &
qu’ils ne reçoiuent point vn traittement égal à leurs merites ;
d’autres se promettent des charges, des gouuernemẽs,

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Anonyme [1652], LE FIDELE EMPIRIQVE OV LE PVISSANT HELLEBORE D’VN ANTI-MACHIAVEL : Pour contenter les Mal-contens de l’Estat, & affermir la Liberté des Peuples. "Cœcus est qui Veritatem odit." , français, latinRéférence RIM : M0_1387. Cote locale : B_18_33.