des fauoris.

Le Comte de Seruient n’aura iamais le ieu qu’il
perdit pendant le dernier esloignement du Cardinal
Mazarin. L’histoire raporte, qu’il entreprit de se pousser
dans le Ministere par trois voyes, que la surprise de
Brisac fit auorter : La premiere estoit d’amuser adroitement
l’esprit de la Reyne, soubs l’esperance de ménager
le retour du Mazarin, qu’il estoir en dessein de
choquer par des voyes secrettes. La seconde, d’obliger
le Cardinal Mazarin à vne plus sincere confidence
de ses secrets, en l’abusant de l’espoir de mille efforts
pretendus qu’il faisoit pour le restablir. La troisiéme,
de ménager le Prince de Condé, comme il fit,
l’allant trouuer lors qu’il estoit en dessein de passer en
Guyenne ; & luy promettant, que quoy qu’il fist, pour
complaire apparemment à la passion de la Reyne, il
empescheroit neantmoins soubs main le restablissement
de Mazarin : La negotiation de Sedan, la surprise
de Brisac, & la sortie du Duc de Mercœur hors du
Royaume, ietterent le Prince dans vn soubçon qui le
fit defier de tout.

Voyla l’esprit du Comte de Servient : Il sert le
Cardinal Mazarin ; mais s’il ne tenoit qu’à s’en défaire
pour se mettre en sa place, i’asseure le Mazarin qu’il
n’y demeureroit pas long temps : Ce n’est pas luy
que le Comte de Seruient considere, mais sa faueur.
Il ne l’ayme que parce qu’il ne peut pas le haïr impunement :
Son amour est vn effet de son impuissance ; il
l’ayme mieux sur ce rang, que qui que ce soit, parce
que tout autre que Mazarin ne se seruiroit pas du Comte
de Seruient : Le Cardinal Mazarin ayme Seruient,
parce que tout autre que Seruient, ne voudroit pas se