SECONDE PARTIE.
LE ROY.
IVSQVES icy i’ay esté instruit de ce que ie suis, de ce que ie dois à
Dieu, à la Royne ma Mere, & à mon Frere : & quelles doivent
estre les mœurs & les conditions de ceux de ma Maison ; C’est m’avoir
enseigné le devoir d’vn bon Fils, d’vn bon Frere, & d’vn bon
Pere de famille seulement ; Mais il me semble que le devoir d’vn
Roy est de plus grande estenduë, & que ie ne dois pas avoir moins
de soin de tous mes Sujets en general, que de tous mes domestiques ?
LE GOVVERNEVR.
Il est vray, SIRE, que c’est vne belle chose qu’vne Couronne ;
mais elle est d’vn grand poids, & d’vn extréme soin à qui la veut
dignement soûtenir : Et puis que Vótre Majesté est appellée de
Dieu à ce grand & penible employ, & qu’elle veut sçavoir quel est le
devoir d’vn bon Prince envers ses Sujets : nous les prendrons par
ordre, afin qu’elle voye, comme dans vn tableau, toutes les parties
de son Estat, & qu’elle connoisse plus distinctement quel est le
devoir d’vn chacun, & quel est le sien aussi, pour le gouvernement
du total. Pour entrer en matiere, V. M. me permettra, s’il luy plaist,
de luy demander ; Si on n’a pas commencé de l’honorer dés le moment
de sa naissance ; & si dés ce mesme instant il n’a pas esté consideré
de tous les Sujets du Roy, quoy que viuant encor, comme
s’il eust esté admis déja en la societé du gouvernement ?
L. R. Il me semble, qu’estant Fils du Roy, & designé en qualité
de Dauphin pour succeder à la Couronne, les Sujets de mon
Fortin, Pierre (sieur de La Hoguette) [1650],
CATECHISME ROYAL. , français
Référence RIM : M0_653. Cote locale : A_9_2.