Anonyme [1651 [?]], LA SVITTE DV MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Confessant les motifs & les moyens qu’il a tenus pour s’agrandir. Exposant au vray tous les monopoles qu’il a brassé contre la Maison de Condé, & les intrigues qu’il a fait ioüer pour perdre le Comte d’Alais. Respondant à la temerité des entreprises qu’on luy impute. Déguisant ses fourbes en general par des pretextes d’Estat. Iustifiant les Simonies, les trocs, les permutations illicites, & les Retentions criminelles des pensions sur les benefices Ecclesiastiques. Déduisant les raisons qu’il a eu de disposer des gouuernements en faueur de ses creatures, & faisant voir les maximes necessaires à vn homme de peu pour s’esleuer & pour se soustenir dans les grandeurs. Ecce morituri vera hæc sunt verba Ministri Clau. in Eut. lib. 1. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : C_11_5.
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qu’il auoit de n’errer point dans ses diuines connoissances ;
& qu’ainsi les dispositions que ie
pourrois apporter pour y réüssir à mon aduantage,
ne seruiroient qu’à me causer des inquietudes
qui seroient incompatibles auec la tranquilité de
mon repos.

 

De vray, n’auois ie pas toutes les raisons du
monde de viure dans ceste creance, lors que repassant
serieusement sur toute ma fortune, & celle
de mes ayeuls, ie me sentis contraint d’aduouër,
qu’il y auoit quelque souueraineté ou
quelque ordre indépendant de toutes nos dispositions
dans ceste conduite, puis que toutes les
auantures de nostre maison sont entierement incompatibles
auec les ordres de la Prouidence humaine,
qui ne peut à tout rompre trouuer des resources
que dans les affaires qui ne sont point encore
dans le desespoir, comme il faut necessairement
qu’elle succombe à toutes celles qui sont
dans extremité des malheurs.

Estoit il possible que mon grand Pere qui
estoit Batellier dans Castro, à deux lieuës de Genes,
éuitast le danger d’estre pendu en punition
d’vn vol qu’il auoit fait, si la Prouidence ne luy
eust ouuert les portes de la prison où il estoit bien
auant dans les basse fosses, par l’intrigue d’vn Sorcier
qui l’en déliura, à condition qu’il se rangeroit
de son party ; Les preuoyances humaines n’eussent-elles

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Anonyme [1651 [?]], LA SVITTE DV MANIFESTE DV CARDINAL MAZARIN LAISSÉ A TOVS LES FRANCOIS auant sa sortie hors du Royaume. Confessant les motifs & les moyens qu’il a tenus pour s’agrandir. Exposant au vray tous les monopoles qu’il a brassé contre la Maison de Condé, & les intrigues qu’il a fait ioüer pour perdre le Comte d’Alais. Respondant à la temerité des entreprises qu’on luy impute. Déguisant ses fourbes en general par des pretextes d’Estat. Iustifiant les Simonies, les trocs, les permutations illicites, & les Retentions criminelles des pensions sur les benefices Ecclesiastiques. Déduisant les raisons qu’il a eu de disposer des gouuernements en faueur de ses creatures, & faisant voir les maximes necessaires à vn homme de peu pour s’esleuer & pour se soustenir dans les grandeurs. Ecce morituri vera hæc sunt verba Ministri Clau. in Eut. lib. 1. , françaisRéférence RIM : M0_2390. Cote locale : C_11_5.