Anonyme [1649], LA REVNION DES ESPRITS. , français, latinRéférence RIM : M0_3535. Cote locale : C_9_84.
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ne doiuent pas estre sujetes aux passions vulgaires
de la foible nature. Que sa vertu retienne
vne vengeance, que la prudẽce ne luy cõseille
pas. Qu’elle pese, que le propre heritage
de son fils c’est le cœur de ses Sujets ; qu’il possede
la meilleure partie de son Royaume, s’il
en a l’affection & les seruices ; & qu’il n’en est
pas le veritable Maistre, s’il n’en a que l’auersion
& les craintes. Qu’elle sçache qu’il vaut
mieux luy gagner des rebelles par la douceur,
que de luy faire des desesperez par
trop de seuerité. Le chastiment n’est plus
vn remede, quand il extermine ce qu’il corrige ;
il l’est bien moins, lors qu’il ruine ceux
qui l’exercent. Ce grand deluge qui noya
le Monde, l’a bien moins changé, que ces
legeres flammes qui tomberent sur la teste
des Apostres : l’amour fait plus que la mort.
Si pour tant de bonnes actions que cette auguste
Reyne a faites, & de vertus qu’elle a
pratiquées, il luy reste encore quelque Semei
à souffrir, qu’elle regarde plustost Dauid
que Iezable. Toute sa vie passée l’empesche
de ressembler à cette mal heureuse Princesse,
que l’exercice de la patience Chrestienne
la rende tout a fait selon le cœur de Dieu à
l’exemple de ce bon Prince. Il y a plus de
gloire à pardonner qu’à punir ; puis que ce
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Anonyme [1649], LA REVNION DES ESPRITS. , français, latinRéférence RIM : M0_3535. Cote locale : C_9_84.