Anonyme [1649], LA REVNION DES ESPRITS. , français, latinRéférence RIM : M0_3535. Cote locale : C_9_84.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 14 --

luy qui pardonne surmonte la colere, & que
celuy qui punit y succombe. Les Bourreaux
& les Tyrans peuuent oster la vie, il n’y a que
Dieu & les personnes diuines qui la donnent.
Vaut-il pas mieux renoncer à vne vangeance
qui n’est ny Françoise, ny Chrestienne,
que de voir vne funeste montagne de victimes,
qui fasse douter si l’on est iuste ou
cruel. Mais quant toutes ces raisons seroient
impuissantes sur l’esprit d’vne Reyne toute
remplie de clemence & de misericorde, elle
ne doit plus pretendre de chastier les Coupables,
puis qu’elle ne les peut plus choisir. Les
bons & les fideles Sujets du Roy sont meslez
aux meschans & aux traistres ; on sçait qu’il y
a de l’offence, on n’est pas certain qui la faite.
Le Ciel espargne vn milion de Criminels
pour ne pas frapper vn Innocent ; ce seroit
mal l’imiter de perdre vn milion d’Innocens,
pour punir vn Criminel : Sodome mesme ne
pût estre bruslée que Loth n’en soit sorti. On
ne doit pas craindre cette rigueur d’vne
Princesse, qui ne s’approche souuent de la
source de toutes les douceurs, & qui ne reçoit
chaque semainé le Sauueur des hommes, que
pour apprendre à les sauuer. Elle a Dieu & sa
conscience pour tesmoins de sa vertu, elle
veut auoir tous les François pour obiet ou
Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1649], LA REVNION DES ESPRITS. , français, latinRéférence RIM : M0_3535. Cote locale : C_9_84.