Anonyme [1649], LETTRE DV CHEVALIER GEORGES DE PARIS, A MONSEIGNEVR le Prince de Condé. , françaisRéférence RIM : M0_2099. Cote locale : D_2_13.
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vne scene Tragicomique de nos Magistrats, & des principaux Bourgeois
de Paris, traisnans les chaisnes de leur Ville à la suitte de vostre
triomphe. Ils font vne mauuaise application du seul exemple
qui soit dans nos Croniques, qui nous en donnẽt beaucoup d’autres
du supplice de la corde, qu’ont suby leurs semblables, & qu’ils ne
peuuent euiter que par le feu, qui doit estre la punition de quelques
vns.

 

Ce n’est point icy le tumulte extrauagant d’vne insolente populace,
c’est vn armement necessaire authorisé par eux qui sont les
depositaires de l’authorité du Roy dãs sa minorité, cõtre l’ennemy
de son Estat, & pour la liberté ancienne. C’est plustost vne inspiration
du Ciel qui demande la ruyne des meschans, & qui les veut
oster de dessus la face de la terre : & la confiance que nous auons en
sa misericorde, & la consolation d’vne mort glorieuse, plus desirable,
qu’vne vie languissante, nous rendent plus aguerris que la plus
vieille Milice. Tout le Royaume est dans vne mesme vnion, & dit
les Machabées : Releuons l’abaissement de nostre Peuple, & combattons pour
nostre nation, & pour nostre Loy, & pour nos Saincts.

Nos Roys sont non Dieux, & nos Parlemens, & nos Pasteurs sõt ;
nos Saincts. Ils ont l’esprit de Dieu, & nous peuuent dire : Ne
craignez point la puissance ny le nombre de vos ennemis, soustenez cour ageusement,
& ne tremblez point, le Saigneur aura pitïé de nous, il va defaire
aujourd’huy cette armé en nostre presence, & les estrangers apprendront que
nous auons qu’à nous deffendre & qui nous deliure d’esclauage. Il y á longtemps
que tant de sainctes ames implore la Iustice diuine contre
cèt ennemy de la Paix publique, & contre ses supposts & le Ciel
ne resonne á present d’autres Echos que ces paroles. Mon Dieu
vangez nous de cét hnmme & de son armèe, faittes les tomber sous le glaiue :
Veuillez vous ressouuenir des blasphemes de ses gens, & & ne i’endurez pas
plus long temps sur la terre. Vne seule consideration retient nostre
courage, & c’est pourtant ce qui nous anime d’auantage c’est que
nous ayons á combatre au nom du Roy contre nos freres, qui ont
suiuy le Roy quand ce rauisseur de tout ce que nous auons de plus
cher & de plus precieux nous l’a enleuè, & contre des Princes, que
cèt Imposteur aueugle pour rendre sa ruine plus celebre par leur
peril, oú par leur perte. Nous prions Dieu que cette guerre se
termine plus doucement, & qu’il vous illumine de la mesme grace
qu’il respandit sur la Noblesse de Bretagne sur le poinct de s’entretuër

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