Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.
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Toute celle que leurs Majestez requiérent de vous, c’est la
mesme affection qu’elles vous offrent. Refuserez vous vn si précieux
tresor à si bon marché ? Ie ne le puis croire.

 

Sur tout apres la funeste catastrophe qu’a naguéres eu ce soulévement
du Parlement d’Angleterre contre son Roy, pour lequel les
Anglois disoyent au commencement avoir pris les armes. Barbarie
exécrable & pleine d’horreur, qui doit émouvoir tous les Rois
& tous les peuples, & particulierement porter tous les cœurs véritablement
François à se présenter en foule aux pieds de leur Roy,
& luy parler en ces termes : Sire, comme l’exemple des entreprises
du Parlemẽt d’Angleterre a authorisé les actions du nostre envers
le vulgaire, qui n’a pas sceu distinguer l’équivoque du nom de Parlement,
qui signifie en Angleterre les trois Estats généraux, au lieu
qu’il ne comprend en France qu’vne partie du troisiéme : nous avõs
telle aversion à l’énormité du crime de celuy-la, qui a osé mettre
ses mains parricides sur son Roy, que pour la tesmoigner à Vostre
Majesté, nous luy venons protester que si le Parlement de Paris ne
change de dessein de s’opposer à vos volontez : nous, de qui dépend
l’vsage des mots, le contraindrons à changer de nom, & rendrons
celuy de Parlement aussi odieux à la posterité, que l’est auiourd’huy
celuy de Tyran, depuis la violence d’aucuns de ceux qui
portoyent ce nom, auparavant si révéré qu’il servoit de titre aux
Souverains.

Mais nous espérons que ce Corps si cupide d’honneur, & dans
lequel il y en a plusieurs qui ne peuvent estre accusez que de foiblesse
ou connivence, ne nous voudra pas laisser tout entier celuy
d’auoir sacrifié, comme nous faisons à Vostre Majesté, nos biens
& nos vies, pour aller éprouver contre les Espagnols qui nous ont
voulu séduire, ce que peuvent toutes vos armes iointes ensemble,
s’ils ne se veulẽt à l’instant réduire à la raison par vne paix aussi glorieuse
à l’Estat que celle de l’Empire, & qu’ils ont eux mesmes cy-deuant
consentie : ne pouvant souffrir que nostre procédé puisse
en aucune façon préiudicier à la gloire de nostre Prince léguime
ny meliorer la condition des anciens ennemis de sa Couronne.

Achevé d’imprimer le vingt-septiesme Février

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Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.