Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.
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plus de force, comme ayans esté interdits, & leur pouvoir osté par
celuy qui le leur auoit donné.

 

Leurs Marchands apres avoir débité quelques baudriers à leur
nouvelle milice pour des especes qu’ils peuvent aisément reconnoistre,
parce qu’elles sont toutes sorties de leur bourse, ont loisir
d’aller à la garde sans crainte de perdre leurs chalans, ne s’y faisant
plus d’empiéte, tout le commerce estant interrompu, leurs lettres
d’eschange protestées, & en vn mot tout leur crédit perdu.

Portent-ils leur veuë dans la campagne de dessus les murailles de
leur ville ? tout y fume d’embrasemens, tout y est desolé de saccagemens,
Ils y ont apellé par leur desobeïssance les Alemans, les Polonois
& autres nations estrangéres, qui leur aprennent la pratique
de la guerre, qu’ils n’avoyent auparavant veuë que dans les Gazettes :
ce Royaume seul s’estant trouvé iusques à présent garanti du
logement d’ennemis par la sage conduite & prévoyance de nos généraux,
& de ce Cardinal qu’ils blasment tant aussi bien que ces
prédécesseurs.

Voila tous les avantages que la ville de Paris a iusques à present
receus de la réformation du Parlement, le temps leur aprendra le
reste. Car pour la rüine qu’ils ont causée à vingt mille familles, ie
n’en parle point, puis qu’il suffit à leur dire, que c’estoyent des Partizans,
ou de leurs amis & alliez. De sorte qu’ils ont démenti la maxime
de la Physique, qui veut que la génération de l’vn vienne de
la corruption de l’autre ; & le proverbe, que l’vn ne perd point que
l’autre n’y gagne : ne pouvant montrer qui a gagné en leur reformation,
qui a causé tant de pertes.

D’où il me semble desia voir, que non seulement le simple bourgeois,
mais le Parlement a honte de cette équippée : mais comme
il est plus malaisé de se retirer d’vn mauvais pas que d’y glisser, ils
trouvent de la peine à en sortir.

Courage neantmoins, mes chers compatriotes, perdez cette fausse
opinion, qu’il y ait du deshonneur aquitter son erreur : Leurs
Majestez font la moitie du chemin : Elles ont plus d’intérest en vostre
conservation qu’en vostre perte, ne résistez pas plus long-temps
à leurs tendresses : Ayez seulement envie d’estre sauvez, vous le serez.
A plus forte raison serez vous exempts de mal. puis que ceux
mesme qui vous l’ont procuré, sont receus en grace Ouvrez vostre
cœur à vostre Roy qui y veut venir loger : Dieu mesmes tout bon
qu’il est, ne sçauroit habiter chez nous si nous ne l’y voulons recevoir,
& cette reception ne se fait pas sans vne préparation précédente :

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Anonyme [1649], LE BANDEAV LEVE DE DESSVS LES YEVX DES Parisiens: Pour bien juger des Mouvemens presans; & de la partie, qu’eux & tous les bons François y doivent tenir. , françaisRéférence RIM : M0_574. Cote locale : A_3_19.