Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.
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dans l’esprit de ces peuples l’affection qu’ils auoient pour Monsieur le
Prince de Conty, comme si toutes les pertes que la Champagne a souffertes,
n’estoient pas venuës de la malice du Cardinal Mazarin, ou que ce
Prince n’eust pas fait tout ce qui se pouuoit humainement faire pour le
soulagement de la Prouince. Il est certain, MESSIEVRS, que le Ministre
n’a rien obmis pour persecuter ce pauure païs. Et vous allez voir qu’il
a esté le seul qui l’a abandonné au pillage, & aux outrages des gens de
guerre. Il vous souuient bien, ie m’assure, comme la Champagne & la
Brie principalement furent exposées à l’orage pendant le siege de Paris. En
cela Monsieur le Prince de Conty n’auoit point de part, le Cardinal Mazarin
en estoit le seul coupable. Apres la paix, au lieu de laisser reposer ces
miserables Prouinces, le Ministre y mit toute l’Armée en rafraischissemẽt,
pour se venger de l’inclination qu’elles auoient témoignées pour vostre
party Et afin que ce Prince ne s’y pust opposer, il luy fit escrire des
lettres par où sa Majesté vouloit, que contre les formes ordinaires toutes
ces Trouppes logeassent sans son attache dans son Gouuernement. Ce
n’est pas tout, il abandonna ce qui est au deça de la Marne, à la fureur des
Trouppes Allemandes, qui rauagerent de sorte cette belle Prouince, que
son Orateur dit auec raison, que les habitans furent contraints de tout
quitter pour se retirer aux païs étranges. Il n’est point necessaire que ie
vous fasse resouuenir de la cruauté & de l’auarice de ces Trouppes : Il n’y
auoit rien de sacré pour elles, rien qui pust retenir leur rage, ou assouuir
leur conuoitise. Ainsi donc, & ces Troupes là & les nostres n’estant point
payées, & la licence que l’on leur donnoit de rançonner les peuples leur
tenant lieu de monstres, elles mirent bien-tost la Champagne en vn estat
si déplorable, qu’il faudra beaucoup d’années pour la restablir. Ie demãde
maintenant quelle part pouuoient auoir à ces desordres, & quel nombre
faisoient parmy ces armées, les Regimens de Monsieur le Prince de Conty ?
dont l’vn n’estant que de huit Compagnies foibles & mal montées,
comme vos Trouppes se trouuerent à la fin de la guerre de Paris ; l’autre
n’auoit esté remis qu’à dix Compagnies apres l’attaque de Charenton, &
ne faisoit pas deux cens hommes de pied. Cependant le temps d’aller en
Champagne estant venu, Monsieur le Prince de Conty qui pouuoit attendre
que la Cour luy eust fourny dequoy restablir ces deux Regimens,
comme on luy auoit promis par le Traitté de Ruel, (aymant mieux aux
despens de son authorité & de sa reputation, qu’ils seruissent foibles &
estropiez que de demeurer à charger cette Prouince) les enuoya en Lorraine
sous Monsieur de la Ferté. Il ne restoit donc plus que ses Gens d’armes
& ses Cheuaux legers dans la Champagne. Comme ce sont des Troupes
d’Ordonnance libres, & qui ne seruent point sans leur leuée, qu’on
leur auoit promis cette leuée par le Traitté de la Paix, & qu’elles ne l’auoient
point touchée à la guerre de Paris ; il falloit ou les casser ou bien
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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.