Anonyme [1649], LA CONFERENCE DV CARDINAL MAZARIN AVEC LE GAZETIER, Iouxte la coppie Imprimée à Bruxelles. , françaisRéférence RIM : M0_742. Cote locale : C_1_19.
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ces festes de Pasques qui approchent.

 

Le Card Le temps apprendra par la suitte la verité, ou l’impertinence
de tes imaginations, ie ne comprend pas le François
aussi bien que toy, aussi ne fais-ie que l’escorcher ; mais ie ne me
puis pas persuader que ie sois si inconnu, comme tu dis, & le refus
que font toutes les villes de me receuoir, mesme en la compagnie
du Roy, monstre bien qu’ils sçauent de mes nouuelles plus que
tu ne dis, & que ie ne voudrois pas. Voyons la suitte de tes artifices,
& s’il ne s’y peut rien adiouster.

Gaz. I’ay parlé en suitte du blocus de Paris, & de l’assistance que
l’on pouuoit auoir de part & d’autre du costé des Estrãgers. I’ay dit,
que les Parisiens estoient des fous de s’attendre à l’Archiduc. Lequel
ayant fait semblant d’entrer en France, s’estoit enfin retiré afin
de se moquer d’eux, qu’au contraire il estoit d’accord auec sa Mai,
& luy enuoyoit toutes ses troupes : que le Duc de Loraine en faisoit
de mesme. Qu’Erlach estoit desia à Prouins auec douze mil hõmes :
que moyennant la paix d’Allemagne le Landgraue de Hesse enuoyoit
du secours capable de conquerir tout vn Estat. Enfin qu’il
en venoit tant de tous costez, que quand il n’y auroit pas vn habitant
dans Paris, n’y à vingt lieuës à la ronde, toutes les maisons
qui y sont, ne suffiroient pas pour les mettre à couuert.

Le Card Folie incomparable, de dire que l’Archiduc recule lors
qu’il a passé la riuiere d’Aisne, & tenant des postes sur Oise, il n’y a
rien qui l’empesche de venir à Sainct Germain, & qu il est pour
nous, cependant qu’il defait nos meilleurs regimens, comme il a
fait ceux de grand Pré & de Persan : Qu’Erlach est proche de Paris,
lors qu’on sçait certainement que la detention de Ranzau l’a fait
renfermer dans Brisac, comme dans vne taniere, auec protestation
de n’en point sortir, que pour nous apprendre à traitter d’vne maniere
moins lasche, les personnes qui ont si genereusement mis
leur vie au hazard pour la conseruation de l’Estat Pour le Duc de
Loraine, il a trop experimenté nos fourbes, & trop long temps
pour s’y arrester encore vne fois. Il n’y a que la Landgraue de laquelle
nous pourrions conceuoir quelque esperance, si le fils de
la Trimoüille, l’vn de nos ennemis, n’estoit pas son gendre. Tu
pourrois bien dire au contraire, que tous ceux-là sont contre nous,
ausquels tu peux adiouster les Holandois & les Anglois en cas de
necessité : De maniere que pour les estrangers Paris a sujet de nous
morguer, & de croire que le blocus ne durera pas tousiours.

Gaz. N’importe, i’ay bien persuadé des choses moins croyables,

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