VV. [signé] [1649], LETTRE D’VN GENTIL-HOMME FRANÇOIS, PORTÉE A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ par vn Trompette de la veritable Armée du Roy. Pour le dissuader de la Guerre qu’il fait à sa Patrie. , françaisRéférence RIM : M0_1876. Cote locale : C_3_63.
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des loix & des coustumes, en l’exercice de la pieté, qui doit estre
le commencement de toute Sagesse, au maintien des armes &
de la Iustice, à la recompense de la vertu, & à la punition des crimes.
Ie vous supplie tres humblement, MONSEIGNEVR,
prenez la peine d’examiner toutes ces parties, & si vous ne trouuez
que le Cardinal Mazarin a fait tout le contraire, ie veux estre
estimé plus meschant que luy. Mais ie passe bien plus outre, & dis,
qu’encore qu’il y pust auoir quelque chose à dire au procedé de
Messieurs du Parlement (ce qui à mon aduis ne se trouuera pas,
pourueu qu’on en iuge selon l’equité, & qu’on se despoüille de
toute sorte de passion & d’interest,) pourtant ie suis asseuré, que
Vostre Altesse confessera, que la medecine dont on s’est voulu seruir
pour guerir la maladie de l’Estat ; a esté donnée tres-mal à
propos, & si fort à contre-temps, qu’il est dangereux que ce remede
ne soit pire que le mal, & que l’Estat ne perisse au lieu de se releuer
du mal qui le pressoit : qui s’en alloit estre guery, si cét Empirique
Italien ne l’eust rengregé. Ie vous prie, MONSEIGNEVR,
de me dire si vn malade de cette consideration est bien obligé à
vn Medecin qui hazarde sa vie si mal à propos, & s’il n’est pas vray
qu’il deuoit beaucoup mieux preparer & corriger la violence de
cét Antimoine, auparauant que de le donner. Mais helas !
nous sçauons bien que cét infidele Medecin a peché plutost par
malice que par ignorance, & qu’il sçauoit fort bien quel effet
seroit son remede, estant d’accord auec ceux qui pretendent profiter
en la mort du malade. Mais en fin, si nos pechez retardent
nostre reconciliation auec vous, & que Dieu pour nous punir ne
veüille pas vous desabuser du mauuais party que vous appuyez ; &
qu’au contraire il se serue de vous, pour estre le funeste instrumẽt
de ses vengeances : prenez garde qu’il ne vous iette puis apres
dans la fournaise de son indignation, & qu’il ne vous fasse rendre
compte des horribles meschancetez que vos troupes exercent
sur cent mille pauures innocens, qui ne sont coupables ny respõsables
des choses que vous imputez à Messieurs du Parlement.
Les Temples, les Autels, les Prestres, les Religieux, les Vierges
sacrées, les Vieillards, les Femmes, les Enfans, & generalement
tout ce qu’il y a de sainct & de foible parmy nous, vous coniurent
de ne violer pas la pieté & l’humanité, & de ne profaner pas vostre
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VV. [signé] [1649], LETTRE D’VN GENTIL-HOMME FRANÇOIS, PORTÉE A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ par vn Trompette de la veritable Armée du Roy. Pour le dissuader de la Guerre qu’il fait à sa Patrie. , françaisRéférence RIM : M0_1876. Cote locale : C_3_63.