VV. [signé] [1649], LETTRE D’VN GENTIL-HOMME FRANÇOIS, PORTÉE A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ par vn Trompette de la veritable Armée du Roy. Pour le dissuader de la Guerre qu’il fait à sa Patrie. , françaisRéférence RIM : M0_1876. Cote locale : C_3_63.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 7 --

plus rusé Machiaucliste qui fut iamais, il ne vous flatte que pour
vous faire donner dans le panneau de ses diaboliques Maximes.
Et s’il estoit victorieux par vos armes, il seroit fort à craindre que
sa prosperité ne tournast son ingratitude & sa fureur contre son
bien-faicteur, pour se conseruer la puissance que vous luy auriez
acquise, & ne voir aucune Grandeur au dessus de la sienne, qui ne
s’est iamais conseruée que par les crimes.

 

Prenez donc garde à vous, braue Prince, éuitez cét escueil,
reattachez-Vous au solide, & venez rendre à vostre Patrie son
premier lustre, & y reprendre vostre place dans tous les cœurs.
Vous verrez sur le visage de tous les bons François des transports
d’aise & de joye, qui valent beaucoup mieux que les appareils &
les ornemens des Triomphes : & les Ennemis de cét Estat, qui doiuent
estre les vostres, & sur tout ce perfide Estranger, & toutes
ces maudites Sangsuës qui se sont gorgées de vostre substance,
estans frustrez de toutes leurs esperances, seront remplis de hõte
& de confusion, & augmenteront par leur dernier desespoir la
pompe de vostre gloire. Et ainsi, MONSEIGNEVR, il nous resteroit
vn tres grand suiet de consolation, en ce que ceste tempeste
que la Prouidence diuine a esmeuë, nous ietteroit par vostre
moyen dans vn port asseuré, & nous rendroit nostre premiere felicité.

Vous auez trop de prudence, & trop d’experience, pour vous
laisser piper par les fausses apparences, dont ce malicieux Ministre
trompe tous les iours la bonté de la Reyne, luy persuadant que la
gloire de l’Estat, & la conseruation de l’authorité Royale ont
exigé ce violent remede pour les restablir en leur premiere vigueur :
C’est plustost vn poison caché sous vne douceur apparẽte.
Car vous sçauez tres-bien, MONSEIGNEVR, qu’en matiere de
Gouuernement il faut tousiours tenir vn moyen temperé, sans
toucher aux extremitez qui sont tousiours dangereuses. Et le contraire
arriue aux Princes, qui sont gouuernez par des Conseillers
ambitieux, auares & cruels : qui comme celuy-cy, ne se soucient
pas que tout perisse, pourueu qu’ils se maintiennent dans le pouuoir
violent qu’ils ont vsurpé, & qu’ils fassent bien leurs affaires.
Vostre Altesse sçait mieux qu’aucun autre, que l’authorité Royale
& la gloire d’vn Empire consistent en l’obseruation inuiolable

Page précédent(e)

Page suivant(e)


VV. [signé] [1649], LETTRE D’VN GENTIL-HOMME FRANÇOIS, PORTÉE A MONSEIGNEVR LE PRINCE DE CONDÉ par vn Trompette de la veritable Armée du Roy. Pour le dissuader de la Guerre qu’il fait à sa Patrie. , françaisRéférence RIM : M0_1876. Cote locale : C_3_63.