tous les deux sont necessaires à vn grand Capitaine.

Cependant Monseigneur, me voicy prisonnier &
sans esperance de sortir bien-tost de ma prison, si vostre
Altesse n’y met ordre. Elle le peut aisement, mais
ie n’oserois luy en dire les moyens puisque s’est choquer
ses entreprises. N’importe, apres auoir manqué
de foy ie ne sçaurois estre plus criminel, & si ie le suis
encore, ce sera de trop de zele. Ouy Monseigneur
vous pouuez ouurir ma prison, & auec honneur, mais
ce ne sera pas par la force ny par la violence ; vous le
pouuez par la douceur, & si vous mettez les armes
bas, & que vous rameniez le Roy dans Paris on l’y receura
& vous aussi à bras ouuers, & moy sortant de
ma prison par vostre faueur, ie receuray la recompense
de mes seruices. Ie sçais bien que ie choque vos
mouuemens, mais considerez ie vous prie que quand
bien vous vainqueriez les Parisiens que ce ne vous
seroit pas vn honneur de les vaincre, puisque vous ne
vainqueriez pas les ennemis ; vainquez vous plustost
vous mesme Monseigneur, ne suiuez pas l’impetuosité
de vos passions, ny ne soyez pas le ministre des passions
des autres, protegez ceux qui le meritent, comme
les Parisiens, & celuy qui veut viure & mourir.

Monseigneur,

Vostre tres-humble &
tres-obeyssant seruiteur,
GRANCEY.