Renaudot, Théophraste [?] [1649], LA DEPLORABLE MORT DE CHARLES I, ROY DE LA GRAND’BRETAGNE. , françaisRéférence RIM : M0_1005. Cote locale : A_1_23.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 6 --

de 200 cavaliers, tous ses ennemis & tous ceux qui avoyent
quelque chose à dire contre lui, à venir déposer. A laquelle proclamation
plus de cent tesmoins, la pluspart aussi bien intentionnez
que ses Iuges, se presentérent, dont le sommaire fut qu’il
estoit cause des maux de la guerre faite dans ses Estats, & qu’on
l’avoit veu l’épée à la main dans les combats : car leurs autres accusations
ne se trouvérent pas dignes de s’y arrester par ses plus
grands ennemis mesme.

 

Mais il n’en falloit pas davantage contre celuy que ses juges
& ses parties destinoient à la mort. Il fut amené trois fois devant
ses Commissaires : ausquels il réfusa constamment de respondre,
leur soustenant qu’ils n’estoyent ni ne pouvoyent estre ses juges :
ce qui n’empescha pas qu’ils ne ne le condamnassent à mort
le 6 Février dernier : & pour luy en faire mieux gouster le déplaisir
on la differa trois jours : pendant lesquels sçachant la teneur
du jugement rendu contre luy, il demanda à voir, comme
il fit, le Duc de Glocester son troisiesme fils & la Princesse sa seconde
fille, qui sont demeurez sous la charge du Comte de
Northumberland, auquel ledit Parlement les avoit donnez en
garde depuis sasortie de Londres.

Le jour de l’exécution yenu, qui sut le 9 sur les dix heures du
matin, il fut a mené à pied de S. Iames l’vn de ses chasteaux de
plaisance sirué dans Londres, & passantiau travers du parc fut
conduit par vn régiment d’infanterie devant & derriere luy, qui
marchoit le tambour battant & le drappeau déploye, vne garde
de pertuisanes les suivant : apres tous lesquels il estoit immédiatement
précede de quelques Gentilshommes & autres qui
marchoyent teste nuë. Honneur funeste & qui n’en méritoit pas
le nom, puis que c’est la fin qui détermine tout.

Le Docteur IacKson (n’agnéres Evesque de Londres avant
que le Clergé en eust esté banny,) & le Colonel Thomlinson,
auquel ses Iuges l’avoyent donné en charge, l’entretenoyent
le long de ce parc & de la galerie qui le joingt à la
chambre dans laquelle il avoit coustume de coucher : ou estant
arivé il se retira dans son cabinet & y fit ses devotions & la
Cœne, le tout à la mode d’Angleterre, ayant protesté que
comme il avoit vescu en cette créance il y vouloit mourir : ce qui
sert de conviction à ceux qui l’ont persécuté, comme le croyant
Catholique, qui est vn crime en ce païs là : ensuite de laquelle dévotion
on luy présenta son disner, qu’il refusa : toutesfois se
sentant foible sur le midy, il prit vn peu de pain & de vin, & de

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Renaudot, Théophraste [?] [1649], LA DEPLORABLE MORT DE CHARLES I, ROY DE LA GRAND’BRETAGNE. , françaisRéférence RIM : M0_1005. Cote locale : A_1_23.