Peccot-Quanesi [signé] [1649 [?]], LETTRE D’VN RELIGIEVX A MONSIEVR L’ABBÉ DE LA RIVIERE: Où luy sont enseignez les faciles moyens de faire sa paix auec Dieu & le Peuple. , français, latinRéférence RIM : M0_1893. Cote locale : A_5_83.
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ame, & cependant vous abandonnez la vostre, & celle de
beaucoup d’autres personnes, à l’appetit d’vne legere recompense.
Ha fol que vous estes ! Et si cette nuit Dieu vous
redemande cette ame dõt vous n’estes que depositaire, à qui
appartiendront ces Abbayes, ces biés de fortune, ce cordon
bleu, & cette place dans le Conseil, que vous auez acquis par
tant d’iniquitez ? C’est vne erreur, si vous croyez que tous
ces honneurs & ces veritez soient pour descendre auec vous
dans les enfers ; tout cela s’en ira en fumée, & il n’y aura que
vostre ame qui sera precipitée dans ces flãmes eternelles,
pour y estre déchirée de ce ver rongeur qui ne mourra iamais.
A quoy donc pensez vous ? N’est il pas temps de quitter
ce profond sommeil où vous estes enseuely depuis si
long-temps ? Les Temples sont profanez, les Prestres dépoüillez
à l’Autel ; le plus auguste de nos Sacremens traité
indignement ; les fonds Baptismaux destruits en dérision de
nostre saincte Foy, & les choses les plus sainctes foulées aux
pieds & traisnées dans les bouës. Les enfans pendans à la
mammelle seruent de proye aux soldats ; les femmes sont
enleuées d’entre les mains de leurs maris, les Bourgs, les
Villes & les Villages à six lieuës autour de Paris, ont este
donnez au pillage a des Allemans & à des Polonnois ; tout
ce qui porte auec soy le respect est pollu, & il n’y a rien qui
ne soit exposé au mépris & à l’opprobre de ces nations étrangeres.
Les Vierges, qui par vn vœu particulier ont consacré
à Dieu leur pureté afin de luy estre vne Hostie viuante,
saincte & agreable, sont aujourd’huy arrachées du Sanctuaire,
& violées aux pieds des Autels. Les Eglises qui ont toûjours
esté vn lieu d’azile, sont maintenant vn lieu où les filles
perdent l’honneur qu’elles estiment plus que leur vie, & où
les femmes ont obligées de violer la fidelité qu’elles doiuent
& ont promise à leurs maris. Et tout cela par le conseil
d’vn Cardinal qui n’a point d’Ordre, par l’appuy d’vn
Prestre qui a voulu, mais n’a pû estre Cardinal, & par le consentement
& l’ordre d’vne Reine, dequoy vn Prince a voulu
luy-mesme estre l’executeur. Ie pourrois encore mettre
en auant beaucoup d’autres desordres qui sont venus à ma
connoissance, & qui vous feroient dresser les cheueux à la
teste, quoy qu’en soyez vn des principaux autheurs, mais ie
les veux voiler du silence, afin de conclure la presente par
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Peccot-Quanesi [signé] [1649 [?]], LETTRE D’VN RELIGIEVX A MONSIEVR L’ABBÉ DE LA RIVIERE: Où luy sont enseignez les faciles moyens de faire sa paix auec Dieu & le Peuple. , français, latinRéférence RIM : M0_1893. Cote locale : A_5_83.