Peccot-Quanesi [signé] [1649 [?]], LETTRE D’VN RELIGIEVX A MONSIEVR L’ABBÉ DE LA RIVIERE: Où luy sont enseignez les faciles moyens de faire sa paix auec Dieu & le Peuple. , français, latinRéférence RIM : M0_1893. Cote locale : A_5_83.
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auec le monde. Ses discours vous surprendront vn
peu à l’abord, & vous sembleront des paradoxes, d’autant
qu’vn homme charnel ne conçoit pas facilement les choses
qui sont de l’esprit de Dieu, mais ie ne desespere pas pour cela
de vostre conuersion ; la perseuerance enfin vous l’obtiendra,
& vous fera voir que si la dureté du cœur de Pharaon
fut autrefois amolie par les chastimens, en sorte que celuy
qui deuant le chastiment ne connoissoit point de Dieu, fut
bien obligé de le confesser lors qu’il en sentit la pesanteur
du bras : nous ne deuons pas moins esperer de vous, à qui ie
veux croire que le Seigneur n’a point entierement osté le
cœur de chair pour en mettre vn de pierre en la place ; mais
cependant nous n’en auons aucune marque Ce n’est qu’vne
esperance dont nous flatons nostre misere, qu’vn momẽt
viendra, où lassé de vous laisser aller au gré d’vne fortune
que vous auez éprouueé tant de fois, tantost fauorable, tantost
marastre, vous prendrez enfin cette resolution de la
gouuerner vous mesme, crainte qu’elle ne vous precipité
dans vn estat aussi pitoyable qu’estoit celuy dont elle vous a
retiré, & qu’elle ne vous oblige d’auoüer qu’il n’y a point de
douleur plus cuisante dans vn reuers de fortune, que celle
d’auoir esté autrefois heureux. C’est donc vne prudence
d’estre tousiours en crainte tandis qu’elle rit, & de sçauoir
tellement parer ses caresses, que dans l’auenir elles ne soient
point matiere d’vn mauuais traitement. Cette prudence est
rare, d’autant que la fortune, comme vn Medecin ignorant,
aueugle beaucoup de ceux qu’elle fauorise, & leur defaut
vient de ce que dans la prosperité ils s’imaginent estre hors
la portée des coups de cette traistresse.

 

Segregatus à
peccatoribus.
Heb. 7.
Mediator Dei
& hominum.
1. Tim. 2.

Oleumque dasaxo
durissimo.
Deut 32.
Qui dixit teuebris
Iucem
splendescere.
I. Cor. 4.
Vouit Dominus
mutare
sententiam, si
ru noueris emendare
delictum.
Aug.
Qui fecit te
sine te non
saluabit te fine
te.
Augustino
communiter
tribuitur.

Ducam eam
in solitudinẽ
& loquar ad
cor eius.
Oseæ 2.
Audiam quid
loquatur in
me Dominus
Deus quoniã
lequetur pacem
Psal. 84.
Animalis homo
non percipis
ca, quæ
sunt spiritus
Dei. 1. Cor 2.
[1 mot ill.] Pharao
[1 lettre ill.]urissimus tamen
prosicit
verberatus.
Ante verbera
[11 lignes ill.]

Que leur exemple vous rende sage, & vous fasse prendre
resolution de mépriser des faueurs si vacillantes, pour vous
attacher à cét Vn si necessaire, & qui doit durer eternellement.
Quoy ! ne sçauez-vous pas que le salut de vostre ame
vous doit estre plus precieux que ces plaisirs corporels, que
vous sauourez comme des mets delicieux ? Si vous l’ignorez
écoutez la verité mesme, qui vous asseure qu’il ne profite
rien à l’homme d’estre maistre de tout ce grand monde, si
par apres il vient à perdre son ame.

Poriò vnum
vnum est necessarium.
Luc. 10.

Nonne anima
plus est quam
esca ?
Ma[3 lettres ill.] 6.

Tous les biens de ce monde ne peuuent pas payer vne

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Peccot-Quanesi [signé] [1649 [?]], LETTRE D’VN RELIGIEVX A MONSIEVR L’ABBÉ DE LA RIVIERE: Où luy sont enseignez les faciles moyens de faire sa paix auec Dieu & le Peuple. , français, latinRéférence RIM : M0_1893. Cote locale : A_5_83.