N. T. [signé] [1649], LETTRE A MESSIEVRS LE VVIDAME & Gouuerneur D’AMIENS, ET D’AVQVINCOVRT GOVVERNEVR DE PERONNE, POVR LA CONSERVATION DE leurs Gouuernemens. , françaisRéférence RIM : M0_1812. Cote locale : C_3_16.
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tout recent de Monsieur de Ranzau vous doit auertir,
& vous sçauez quel appartement il luy a donné.

 

Ne doutez pas qu’ayant esprouué vostre generosité
quand il seroit capable de la corrompre, il ne fut encor
capable de la craindre. Il vous croiroit tousiours
touchez de quelques remords. Il apprehenderoit des
hommes qui luy ont fait peur, & feroit tout pour ce
déliurer par vostre mort de ces continuelles terreurs.
Que s’il vous auoit tellement infectez qu’il ne vous
creut plus capables de rien de genereux, il craindroit
tousiours le vice qui l’auroit seruy & qu’il auroit fait
succeder à la vertu. On aime ordinairement la trahison
parce qu’elle est vtile, mais on n’aime du tout
point les traistres. On ce deffie tousiours de ceux desquels
d’autres ont eu sujet de ce deffier ; & ne faut pas
pretendre de s’insinuer dans l’affection d’vn homme
qu’on sert par vne trahison.

Que la vie est miserable de ceux qu’vn si grand vice
a peu surprendre. Car seront-ils en asseurence auec
ceux qu’ils ont trahis, ou auec ceux pour lesquels il ce
sont portez à la trahison N’ont-ils pas droit de redouter
autant les vns comme les autres, & ne pouuans paroistre
auec honneur deuant qui que ce soit, ne doiuent-ils
pas comme des hybous & des oyseaux nocturnes,
fuir de la lumiere du iour, & ce cacher eternellement
dans l’horreur de la nuict ? C’est ce qu’ils deuroient
faire : Car ordinairemẽt on les punit aussi tost
qu’ils l’ont merité, & comme nous vous l’auons desia

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N. T. [signé] [1649], LETTRE A MESSIEVRS LE VVIDAME & Gouuerneur D’AMIENS, ET D’AVQVINCOVRT GOVVERNEVR DE PERONNE, POVR LA CONSERVATION DE leurs Gouuernemens. , françaisRéférence RIM : M0_1812. Cote locale : C_3_16.