M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.
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place à la Loy Mosaïque ou Diuine. Retournons au
premier qui est de nostre suiet. Est-il pas vray que le
Droit des Gens n’est point fauteur de la puissance du
grand Turc, ny des autres Seigneuries ? que c’est vne
chose iuste que ce Droit, que le pouuoir du Turc est iniuste,
& qu’ainsi le Droit des Gens n’authorise nullement
la violence dont il vse, quand il rauit les biens & les vies
de ses suiets. Que le Droit des Gens soit vne chose iuste,
ie ne pense pas qu’homme raisonnable le doiue nier. S’il
se trouue quelque païs où il ne suiue pas la Loy diuine &
naturelle, il porte sa condamnation en luy-mesme. pour
le moins ne me sçauroit-on nier que la Loy diuine ne soit
pleine de toute sorte de iustice ; si donc elle est essentiellement
telle, & qu’en quelque païs il y ait quelques Loix
qui ! luy soient differentes, infailliblement elles sont iniustes, &
ce n’est plus Droit, mais iniustice des Gens : il
s’ensuit doncques que affin que quelque chose soit Droit
des Gens, il faut necessairement qu’elle soit iuste. Cette
premiere proposition estant ainsi prouuée, la seconde
n’est pas plus difficile, & il est bien euident que la puissance
du Turc est iniuste ; car qui doute que qui que ce
soit n’a droit ny sur la vie, ny sur les biens d’autruy, comme
vous auez pensé que le Monarque Seigneurial l’auoit :
Ces deux seuls commandemens, TV NE TVERAS POINT,
ET NE DEROBERAS POINT, suffisent pour le prouuer.
Pour la vie il est indubitable que nul n’a pouuoir d’oster
ce qu’il n’a point donné, & que le Monarque Seigneurial
ou pour mieux dire le Tyran, ne nous l’ayant point donnée,
ne peut aussi sans crime nous la rauir. C’est sur ce
fondement qu’est appuyée la punition qu’on exerce sur
ceux qui se precipitent & se donnent la mort eux-mesmes,
pource qu’il n’ont point de droit sur des iours qu’ils
ne se sont point donnez. Et quoy qu’il semble que chacun
puisse vser à sa fantaisie de ce qu’il possede, si est-ce toutesfois
qu’il nous fait rendre conte du iour que nous possedons.
En cecy voyons nous que les coustumes de diuerses
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M. L. [signé] [1649], RESPONCE, ET REFVTATION du Discours intitulé. LETTRE D’AVIS A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS, PAR VN PROVINCIAL. , françaisRéférence RIM : M0_3443. Cote locale : A_8_79.