La Mère de Dieu, Pierre de (dit Bertius, Abraham) [1647], LES VERTVS ROYALES D’VN IEVNE PRINCE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_1_1.
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incommode son Estat, & affoiblit son authorité ;
Toutefois l’auarice rend les Souuerains
beaucoup plus odieux aux peuples, & plus insupportables
en leur Empire : l’aage corrige souuent,
la profusion de la ieunesse ; mais l’auarice croist
auec les années, & les Monarques s’en dépoüilleroient
plus difficilement que de leur Pourpre. La
prodigalité est vtile à quelques-vns, mais l’auarice
n’est profitable à personne. Il est assés naturel
de voir vn ieune Prince prodigue, mais c’est vn
monstre horrible de le voir subiect au vice infame
de l’auarice.

 

L’Auarice
plus odieuse
à vn ieune
Prince
que la prodigalité.

La Prodigalité marque encore quelque sorte
de bonté dans vn Souuerain, elle témoigne ses
tendresses pour des personnes particulieres, au
preiudice de l’amour qu’il devroit auoir pour le
public, Aristote a creu que la liberalité estoit si
Royale, qu’vn Prince ne pouuoit pecher en
l’excés de cette vertu, & qu’vne personne de haute
condition ne pouuoit estre prodigue, puis que
le fond de ses richesses estoit trop ample, & que
sa fortune estoit trop éleuée, pour tomber dans le
vice de prodigalité. Mais l’auarice est vn signe
manifeste de sa cruauté, & nous fait connoistre
qu’il a des entrailles de fer, & de bronze, pour
ses propres subiects. Si vn Monarque prodigue
durant sa ieunesse donne quelque signe de son
insuffisance, au Gouuernement des peuples, vn
Roy auare nous asseure qu’il est du tout incapable

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