La Mère de Dieu, Pierre de (dit Bertius, Abraham) [1647], LES VERTVS ROYALES D’VN IEVNE PRINCE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_1_1.
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les esprits des peuples, tellement attachés
à leurs interests, qu’il est impossible de les en deprendre.

 

Les grandes
ames
n’estiment
rien tant
que les occasions
d’obliger
leurs amis,

Vn ieune Prince se doit persuader, que tout
le bon-heur de ses Estats, & l’heureux succes de
son Gouuernement, dépend de sa magnificence
Royale, & des effects de sa liberalité ; D’où vient
que les anciens Empereurs, prenans possession de
leur Thrône, auoient des Herauts, qui iettoient
de l’argent dans les assemblées publiques, pour
témoigner la liberalité de leur Monarque. Ce qui
s’obserue encore à present, au Sacre des Roys de
France, & au Couronnement de nos Reynes.
Vn ieune Prince doit sçauoir, qu’il n’a reçeu du
ciel, l’authorité Souueraine, que pour faire couler
vn fleuue de Benedictions sur les peuples, &
qu’il ne leue de l’argent sur ses subiects, que pour
leur renuoyer par la porte dorée de sa liberalité.

Missilia
iactare in
vuglus.

Autrement que seroit-ce s’il ne cessoit de tirer
tousiours à soy les deniers de l’Estat, sans les distribuer
aux communautés : à quoy luy seruiroient
toutes les Pistoles conseruées dans son épargne ;
sinon à irriter les Esprits des subiects, qui tiendroient
son Gouuernement, pour vne espece de
Tyrannie : ce seroit vn ocean, où se rendroient
tous les fleuues d’or de ses Estats, sans qu’il en sortit
vne goutte, pour la satisfaction des peuples.

Omnia
flumina intrant
in
Mare, &
Mare non
redunda.
Eccli. 1. 7.

La Royale liberalité, rend les Princes dignes

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La Mère de Dieu, Pierre de (dit Bertius, Abraham) [1647], LES VERTVS ROYALES D’VN IEVNE PRINCE. , français, latinRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_1_1.