cent mil hommes armez qui les demandent, il a falu passer
cent barricades pour vous porter nos plaintes, & nous auons
oüy le peuple qui crioit, viue le Roy, & bien autre chose
que nous n’oserions dire à vostre Maiesté. Il n’est plus
temps, MADAME, de consulter vostre Politique, & vostre
raison, le Peuple n’en a point.

La Reyne respondit : Ma resolution est prise, ie
n’en feray rien.

C’est ce qui obligea le Premier President à faire
cette repartie.

MADAME,

Ie ne sçay si l’on ne vous trompe point, & si l’on vous
a dit l’estat où est vostre Royaume & vostre ville de Paris.
Le mal est si grand qu’il est presque sans remede, & ie
crains que vostre Majesté ne soit obligée d’accorder à la
force & à la mutinerie du peuple, ce qu’elle refuse à la tres-humble
supplication du Parlement.

A quoy la Reyne repondit : Vous m’en respondrez,
& le Roy mon fils vous en demandera vn iour compte.

Nous n’apprehendons point la colere du Roy, c’est nous
qui rendons sa Iustice : repliqua le premier President.

Cette courageuse resistance donna bien à songer
à la Reyne ; mais quand elle vid que le Parlement
se retiroit tout mescontant, elle l’asseura que
le lendemain elle feroit deliurer les trois prisonniers
demandez.

Cette fameuse Compagnie ayant receu cette asseurance
par la bouche sacrée de la Reyne, sortit