Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.
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entretenus chez les domestiques de M. le Prince Il seroit
inutile d’examiner tout ce procedé, les gens de bien fremissent
encore au seul nom des Canto, des Sociendo & des Pichons.

 

Apres que M. le Prince eut esté arresté, & que l’inquietude
naturelle aux esprits des François leur eut fait souhaiter sa liberté,
les gens d’esprit considererent ce desir comme vn de
ces mouuemens aueugles, qui portent à des precipices, ils s’estonnoient
que M. le Coadjuteur si laissast emporter, ils iugerent
que la resolution que l’on prit sur ce sujet seroit par vne
suitte ineuitable la perte du Royaume, & pourroit estre celle
du Coadjuteur, en effet nous ne voyons pas que la liberté de
M. le Prince ait apporté la Paix à l’Estat, & pour ce qui touche
M. le Coadjuteur, on n’a qu’à se resouuenir que M. le Prince,
huict iours apres qu’il fut sorty de prison, s’accommoda auec les
amis du C. Mazarin, esloigna des Conseils du Roy, M. de Chasteau-neuf
qui auoit beaucoup contribué à la perte de ce Ministre,
manqua à toutes les paroles qu’il auoit données dans ses
traitez, tira pour recompense le Gouuernement de Guyenne,
pretendit celuy de Prouence, & sur l’opposition que la Reyne
y fit, prit les armes, & donna ouuerture à cette diuision malheureuse
de la maison Royalle, qui est la veritable porte par
la quelle le C. Mazarin est rentré en France.

Tous ces faits que ie viens de poser, sont plus clairs que le
iour, pour peu que l’on soit instruit des affaires du monde ; on
ne peut douter de ces verités qui prouuent que tout ce qu’on
à dit contre M. le Prince, iusques à l’entrée du C. Mazarin s’est
trouué vray. Doù ie conclus que tout ce que l’on adit contre M.
le C. de Retz, ayant esté par la mesme regle de leuenement conuaincu
de faux, les prejuges au moins sont incontestablement
pour M. le C. de Retz, ce qui est d’vn grandissime poids dans
vn siecle aussi mysterieux que celuy-cy, autant remply d’intrigues
secrettes, & comme les choses cachées, sont proprement
le champ de l’imposture, on doit au moins la Iustice aux personnes
qui ont tousiours agy en gens de bien, on leur doit dis-je de
ne les pas condamner sur des articles obscurs, qui peuuent
estre les effects de l’imposture & de iuger plustost de leur conduitte
par des faits clairs & certains, qui ne peuuent receuoir ny
doute ny contestation.

Ce n’est pas le seul aduantage que la verité donne à M. le C.
de Retz, ses rayons n’esclairẽt pas moins, les choses presentes

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.