Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.
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ces faits que ie viens de poser, vne conclusion, qui tombe sous le
sens qui est que tout ce que l’on à dit contre Monsieur le C. de
Retz, iusques au retour du C. Mazarin en France s’est trouué
faux par l’euenement, & que i’auray prouué par la mesme regle
que tout ce que l’on à dit contre M. le Prince, s’est trouué
veritable.

 

Ie croy qu’il y a peu de personnes, qui aye perdu la memoire
des sentimens que M. le Prince fit paroistre dans le Parlement,
contre le President Viole, & quelques autres sur la proposition
qu’ils firent contre le C. Mazarin, le public conceut des ce
moment quelque apprehension de son esprit, on remarqua
dans son humeur, beaucoup d’aygreur & beaucoup d’emportement,
& on peut dire que cette iournée vit naistre cette haïne
publique, qui flestrit bien-tost apres les lauriés qu’il auoit emportés
à Lens, on augura mal de ses desseins, & on le considera
comme vn Prince qui vouloit establir sa tyrannie sous le fantosme
du C. Mazarin : plust à Dieu que nos craintes eussent esté
vaines, plust à Dieu que ces Propheties eussent esté fausses,
Paris n’eust pas esté assiegé, la licence n’eust pas esté dans les
troupes, l’authorité Royalle n’auroit pas esté ebranlée, &
nous ne verrions pas presentement nos fortunes & nos vies
abandonnées à la fureur des estrangers. Le siege de Paris estant
leué & la Paix estant acheuée, on ne crût pas que M. le Prince
l’eust faite auec luy mesme, on apprehenda que les maximes
dans lesquelles il s’estoit confirmé, ne le portassent à de nouuelles
violences, ou plustost à la confirmation des anciennes,
n’auroit il pas esté à souhaiter que ces soupçons n’eussent pas
esté confirmés, par les tesmoignages publics qu’il donna à toute
la France, de l’attachement qu’il auoit à soutenir le C. Mazarin,
quand s’estant brouillé auec luy au mois de Septembre de l’année
1649. il s’y raccommoda contre les paroles données & au
public & à M. le Coadjuteur, qui auoit mesprisé pour le seruir
en cette occasion, tous les aduantages qu’on luy auoit offert de
la part de la Cour.

Apres vn accommodement si scandaleux, on ne douta point
que M. le Prince ne persecutast la vertu qu’il auoit abandonnée,
& qu’il n’essaiast par toutes voyes, de perdre ceux qu’il auoit
si cruellement offensé : on connut clairement que ces aprehensions
estoient fort bien fondées, quand l’on vit M. le Coadjuteur
accusé dans le Parlement par des tesmoins subornés, retirés &

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1652 [?]], LE VRAY ET LE FAVX, De Monsieur le Prince & de Monsieur le Cardinal de Retz. , françaisRéférence RIM : M0_4068. Cote locale : B_10_17.