Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1650], ADVIS IMPORTANT ET NECESSAIRE A MONSIEVR DE BEAVFORT ET MONSIEVR LE COADIVTEVR. , françaisRéférence RIM : M0_521. Cote locale : A_9_10.
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Aprés tout, MESSIEVRS, quand vous auriés des gages
assurez de sa parole, & que forçant son naturel il en
voudroit estre esclave pour l’amour de vous, croyez-vous
avoir fait comprendre dans tous les peuples ? Et ne doiuent-ils
plus croire que vous leur avez presché dans Saint Paul,
Que le Cardinal Mazarin est un Ministre estranger, declaré
ennemy de l’Estat, & perturbateur du repos public, par la
plus celebre Compagnie du Royaume, parce qu’il est vostre
amy ? N’est-il donc plus vray qu’il ait enlevé nuitamment
le Roy ? N’est-ce plus ce lasche, ce perfide, qui apres avoir
mille fois violé le serment qu’il avoit fait, a voulu sacrifier à
sa passion la capitale du Royaume ? Le dissipateur de nos Finances,
qui s’estoit efforcé d’opprimer insolemment toutes
les Compagnies souueraines de l’Estat, lors qu’elles ont
voulu faire des remonstrances pour le soulagement des
peuples ? Ce cruel, qui a donné en proye à l’inhumanité des
Partisans toutes nos Provinces : & qui foulant aux pieds les
Loix diuines & humaines, s’est gorgé du sang de la veufue
& de l’orphelin ? & cét avare insatiable qui s’est enrichi des
necessitez publiques, & qui desrobant à la veuë de tout le
monde l’argent destiné pour le payement des troupes, a
fait perir les plus fleurissantes Armées que la France ait iamais
mis sur pied ? Ce Ministre qui a tant de fois exposé par
son imprudence la fortune, la seureté, & la reputation de
l’Estat, en desgarnissant nos Frontieres ? Cét ennemy du
repos de la France, qui a refusé la Paix que l’Espagne nous
demandoit, à des conditions les plus advantageuses que
nous puissions jamais esperer ? Enfin cét homme dont la vie
est si estrange, que ses ennemis mesme ne peuuent s’empescher
de rougir, lors qu’ils sont obligez de la luy reprocher ?
A-t’il iustifié toute sa mauvaise conduite, & s’est-il fait
homme de bien en vous promettant son amitié ? Si l’on se
pleint à present des violences & des cruautez qu’il fait exercer
contre les sujets du Roy, pour continuer ses rapines &
ses brigandages ; pensez-vous qu’on a tort de descrier le

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Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1650], ADVIS IMPORTANT ET NECESSAIRE A MONSIEVR DE BEAVFORT ET MONSIEVR LE COADIVTEVR. , françaisRéférence RIM : M0_521. Cote locale : A_9_10.