Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1651], ADVIS DESINTERESSÉ SVR LA CONDVITE DE MONSEIGNEVR LE COADIVTEVR. , françaisRéférence RIM : M0_510. Cote locale : B_6_33.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 10 --

la confusion & dans le desordre. On ne peut faire autre
chose (ce me semble, pour contenter lé peuple, que de
choisir ceux qui ont tousiours defendu ses interests, c’est
en cela que consiste toute sa seureté & son repos.

 

Enfin s’il estoit vray qu’on voulust approcher Monsieur
le Coadjuteur de la Cour, & qu’il se jettast dans le
peril, dans lequel on dit qu’il s’engage, les plaintes qu’on
fait faire contre luy seroient encores plus iniustes. Quoy
dans vn temps qu’il se sacrifiroit pour le public, & qu’il
hazarderoit sa propre seureté pour inspirer de genereuses
maximes & restablir le bon heur & la felicité des peuples,
seroit-il iuste dans ce temps-là d’attaquer comme l’on
fait sa reputation & sa gloire. Il deuoit plustost receuoir
des remercimens, des benedictions & des eloges.

Ainsi c’est à nous auiourd’huy à ne point prendre le
change & à ne pas esleuer des hõmes dont nous ne pourrions
pas estre les maistres, comme nous le sommes de
ceux qu’on nous veut faire abandonner. Ie ne veux accuser
personne, ny faire croire que ceux qui ont esté autre,
fois Mazarin peuuent plustost le deuenir que ceux qui
ne l’ont iamais esté. Ie ne pretends point non plus rappeller
dans les esprits les entreprises faites contre nostre
liberté. Ie souhaitte de tout mon cœur (quelques grands
qu’ayent esté nos maux) que la memoire en soit à iamais
enseuelye. Ie ne veux pas mesmes que ces nouuelles accusations,
quoy que dictées par le Roy mesme, nous rendent
suspect le party qu’on veut faire prendre au peuple
auec tant de chaleur & d’artifice. Nous deuons suspendre
nostre iugement là dessus, puis que le Parlement y delibere.
Voyons seulement si dans les grandes maximes,
l’Estat y peut trouuer sa seureté, & le peuple ses auantages.

Il n’y a rien de plus constant dans la Politique, que le
credit est tousiours plus dangereux dans la personne des
Princes, qu’en celles des particuliers : comme ceux de
ce rang là ont l’ame grande, cette maxime ne reçoit point
de distinction. On n’examine point si les Princes ont de
bonnes ou de mauuaises intentions. Leur naissance les

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Gondi, Jean-François Paul / cardinal de Retz [?] [1651], ADVIS DESINTERESSÉ SVR LA CONDVITE DE MONSEIGNEVR LE COADIVTEVR. , françaisRéférence RIM : M0_510. Cote locale : B_6_33.