D. P., sieur de S. [signé] [1649], LETTRE D’VN VERITABLE FRANÇOIS A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. , françaisRéférence RIM : M0_1898. Cote locale : C_3_62.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 7 --

du danger. Et à la verité, la prouidence diuine, cét œil tousiours
ouuert, ce Soleil qui ne se couche iamais & qui respand sur les
hommes la lumiere de ses graces à mesure qu’ils en ont besoin,
a desia pourueu à nostre salut & pris nostre protection. C’est
elle qui fortifie le zele du Parlement, qui enflamme les cœurs
des Citoyens, qui donne de l’audace aux soldats & qui a fait
choix de tant d’illustres Generaux, qui n’ont accoustumé de
marcher que sur les trophees, & à qui les champs de batailles
sont autant de champs de victoires. Le seul nom de Beau-fort,
MONSEIGNEVR, est capable d’estonner les plus asseurez.
La terreur va tousiours deuant luy, & il prend les armes auec
tant d’asseurance, qu’encore que les euenemens de la guerre
soient aueugles, toutesfois en luy la seule volonté de combattre
est vn gage asseuré du triomphe. Mais pendant que Paris se
prepare genereusement à la deffence, toutes les Prouinces du
Royaume, MONSEIGNEVR, se sousleuent, non pour se soustraire
de l’obeyssance de leur Souuerain, mais bien pour se deliurer
des fers dans lesquels elles sont il y a long-temps engagees.
Les Parlemens mesmes sont liez ensemble d’vne telle
societé, & par vn si ferme nœud d’amour & de iustice, qu’ils ne
font plus qu’vn mesme corps, & ie puis dire qu’ils se sont rẽdus
par cette vnion semblables à ce fameux Briaree qui auoit plusieurs
bras, mais qui n’estoit animé que d’vn seul esprit. Si bien
MONSEIGNEVR, que la France se voit à la veille d’estre déchiree
par les mains de ses propres enfans, si V. A. R. ne s’oppose
à ce coup fatal & n’arreste les foudres qui de tous costez
commencent d’esclater auec violence. Esteignez donc, MONSEIGNEVR,
ce feu intestin qui embraze & qui deuore le dedans
de ce Royaume ; secourez les loix opprimees, releuez la
liberté abbatuë & imitez cét Hercule des Grecs, qui fist germer
de ses armes vn beau & verdoyant Oliuier. Faites que nous
mesurions le cours de la Regence de la Reyne par le nombre
des annees & non pas par la duree de nos maux. Rendez à Paris
ce precieux gage, cét aymable Monarque qu’on luy a iniustement
enleué : tous ses Citoyens le demandent, & ils souspirent
auec tant d’ardeur apres son retour, qu’il leur semble
que le temps a quitté ses aisles, tant il vient lentement à leur
gré. Mais sur tout, MONSEIGNEVR, ne pardõnez pas aux crimes
de ce traistre Sicilien, qui tient la paix captiue il y a si long tẽps,
Page précédent(e)

Page suivant(e)


D. P., sieur de S. [signé] [1649], LETTRE D’VN VERITABLE FRANÇOIS A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. , françaisRéférence RIM : M0_1898. Cote locale : C_3_62.