Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN. PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : E_1_81.
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& bannissant ceux que ie croyois auoir plus de zele pour s’opposer à mes
entreprises ?

 

19. Int.

Que le Parlement & moy estans dans des sentimens contraires, & nous appuyans chacun
d’vne authorité opposée, ils ont peu faire de leur part, ce qu’ils ont creu necessaire
pour l’acheuement de leurs desseins : mais aussi ne doit-on trouuer estrange si de ma
part i’ay fait ce que i’ay peu pour conseruer ce que ie croy auoir legitimement estably.

Resp.

Pourquoy ayant fait accorder à la Reine vne Declaration, qui regle les plus pressans
desordres de l’Estat, & fait promettre au Parlement quelques articles secrets, sous la
foy desquels cette Compagnie se reposoit, ie n’en ay rien voulu executer, & esté le
premier à y contreuenir.

20. Int.

Parce que l’experience a fait voir à la Reine & à son Conseil, que pour entretenir
cette Declaration, il falloit renuerser les maximes par lesquelles le grand Cardinal de
Richelieu auoit si heureusement commencé de gouuerner le Royaume, & que i’ay
du depuis fomentée par les belles instructions qu’il m’en a donné, & que ie fais gloire
de tenir d’vn si grand Politique, ce que sa Majesté ny son Conseil n’ont trouué à propos
de faire ; d’autant que ce seroit souffrir que l’authorité du Roy retournast du
haut poinct où nous l’auons esleuée, à celuy dont les anciens Rois se sont contentez
auec beaucoup d’incommodité, assuietis qu’ils ont esté aux formalitez des Estats, &
des assemblées de leurs peuples pour les choses de consequence, lesquelles toutefois
l’authorité absoluë du Roy esclate bien mieux qu’ez affaires cõmunes & iournalieres.

Resp.

Si ie n’ay pas fait plusieurs leuées de deniers dans le Royaume en vertu d’Edicts non
verifiez, & si facilitant par trop les entreprises des Partisans, ie n’ay pas souffert qu’il
se soit communement donné des Arrests au Conseil, par lesquels il estoit ordonné
que foy seroit adioustée aux coppies collationnées d’iceux par vn Secretaire du Roy,
comme aux propres originaux, & si ie n’ay pas sceu que la plus grande partie des gens
d’affaires possedans ces offices de Secretaires, pouuoient par ce moyen fauoriser les
fourbes les vns des autres ?

21. Int.

Pour respondre à cet article, il n’est besoin que de considerer que le Roy est maistre
absolu des vies & biens de ses subiets, & que si les precedens Rois ont fait verifier
leurs Edicts & Declarations ez Cours Souueraines, ce n’a esté que pour donner plus
de couleur & d’apparence à ce qui estoit par eux ordonné, parce que les peuples
estoient accoustumez à cet vsage, où lors qu’ils ont souhaité que leurs volontez fussent
transmises à la posterité, d’où vient que defunct Monsieur le Cardinal de Richelieu
& moy ayant esleué par nos soins l’authorité du Roy à vn tel poinct, que sans aucune
consideration ses volontez sont absolumẽt executées par ses subjets, nous auons
crû inutil de nous arrester à ces verifications ; principalement lors que nous auons
preueu que les Edicts dont l’executiõ estoit necessaire pour nos desseins, souffriroient
quelque resistance dans les formalitez de la Iustice.

Resp.

Si ie n’ay pas preueu que les aduances, & prests que i’ay introduits, alloient à
la ruine de l’Estat, & que les Finances se trouueroient à la fin tant accablées d’interests,
que le Roy auroit de la peine à s’en descharger ?

22. Int.

Qu’au contraire c’estoit par ce moyen que i’esperois sans formalitez exercer la
Chambre de Iustice, & retirer des Partisans ce qu’ils auroient gaigné auec si peu de
peine : ayant tousiours eu intention, lors que Dieu auroit donné la paix à la France,
de cõfisquer tous les prests faits par les Partisans & autres gens d’affaires pour la peine
de leurs maluersations.

Resp.

Si sans tirer argent de mes coffres, ie n’ay pas trouué cette inuention de recompenser
mes Confidens aux despens du Roy & de ses subjets, en leur faisant achepter

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Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN. PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : E_1_81.