Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN. PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : E_1_81.
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dans l’esprit de la Reine lors qu’il appuya si fort les moyens de paix, qu’il s’aduisa vn
iour de mettre en deliberation en vn temps qu’elle ne pouuoit encores estre proposée,
pour songer a son accomplissement. Et enfin que i’ay eu aussi raison de procurer l’emprisonnement
du sieur de Chauigny, & que ç’a esté auec sujet que i’ay douté l’effet
de ses entreprises, qui alloient à la subuersion de l’Estat, ayant recognu par l’examen
que i’ay fait de son procedé, qu’il estoit trop estudié, pour n’auoir autre dessein que
celuy qu’il me tesmoignoit ; & que si ie n’eusse arresté le cours de ses pratiques, il
n’eust plus tardé long-temps à iouër au boute-hors, en quoy sans doute l’Estat eût
beaucoup souffert, attendu les particulieres cognoissances que i’ay des affaires du
Royaume, que ie ne puis descouurir que quand ie verray la necessité de me donner
vn successeur.

 

Resp.

Si ie n’ay pas employé le poison pour me deffaire de defunct Monsieur le President
Barillon ? Et pourquoy i’ay mis au hazard les vies de Messieurs de Beaufort & de la
Motte-Houdancourt, en leur suscitant des accusations qui ont paru calomnieuses par
l’euenement, & par les Arrests qui sont interuenus à leur descharge en deux Cours de
Parlement ?

26. Int.

Que par ma qualité de Ministre representant identiquement la personne du Roy,
ie ne dois rendre compte à qui que ce soit de la mort de ses subjets ; parce que leurs
vies estans sousmises à nos authoritez, nous en pouuons disposer ainsi que nous trouuons
bon pour le maintien de son Estat. De là viẽt qu’il suffit que i’aye iugé que Monsieur
le President Barillon auoit esté & seroit vn obstacle à l’auancement de mes desseins
dans la conduite du Royaume pour en auoir pû tirer raison par sa mort, en laquelle
les gens d’esprit estimeront beaucoup ma prudence de m’estre seruy d’vne voye
extraordinaire & secrette : parce que ie ne le pouuois autremẽt sans interesser vn grand
Corps, qui par le ressentiment qu’il estoit obligé de tesmoigner, eust pû apporter
quelque desordre dans l’Estat ; Et que l’on ne me doit imputer si i’ay prononcé cette
condamnation sans information & sans forme, dautant que par cette representation de
la personne du Prince, ie possede en moy la dispense de toutes les Loix & Ordonnances
du Royaume, qui ne sont establies que pour la conduite des Iuges ordinaires, & des
esprits communs ; afin qu’eux qui ne possedent cette infaillibilité de iugement, qui est
le partage des grands esprits ils trouuent vn ordre dans ces formalitez pour ayder leurs
deliberations. Que quant à Messieurs de Beaufort & de la Motthe, ils ont tout sujet
de se louër de moy, si ayant iugé que leurs morts n’estoient absolument vtiles à l’Estat,
ie les ay renuoyez à des iurisdictions ordinaires, pour estre eslargis auec absolution.

Resp.

Si pour me rendre maistre absolu de la personne du Roy, ie n’ay par esloigné des
Capitaines de ses gardes, & congedié sa garde de mousquetaires à cheual, remplie de
Gentils-hommes tres-affectionnez au seruice de sa Majesté, pour ne les auoir pû faire
condescendre à mes desseins ?

27. Int.

Qu’il est important au bien de l’Estat, qu’en ayant la generalle administration, ie
puisse disposer de toutes les personnes qui y tiennent quelque rang considerable ; &
que si i’auois suiuy exactement les memoires de Monsieur le Cardinal de Richelieu,
la France ne se verroit en l’estat qu’elle est : parce que i’aurois mis dans les charges &
places de consequence des personnes de mon intelligence, desquels i’aurois mieux
disposé que ie n’ay fait dans cette vrgente necessité du Royaume.

Resp.

Si ie n’ay pas eu intelligence auec l’ennemy de l’Estat, & à cette occasion interrompu
le cours des heureux succez de la France ? Si pour faciliter la prise de Courtray tres-necessaire
au Royaume pour la correspondance des villes du Pays Bas, ie n’ay pas employé
vne armée qui n’estoit que trop suffisante pour resister à celle de l’Archiduc

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Anonyme [1649], SOMMAIRE DE LA DOCTRINE CVRIEVSE DV CARDINAL MAZARIN. PAR LVY DECLAREE EN VNE LETTRE qu’il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l’Arrest du Parlement, & des Faicts dont il est accusé. Ensemble la response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se representer au Parlement. , françaisRéférence RIM : M0_3683. Cote locale : E_1_81.