Anonyme [1649], RESPONSE D’ARISTE A CLYTOPHON SVR LA PACIFICATION DES TROVBLES DE PROVENCE. , françaisRéférence RIM : M0_3390. Cote locale : C_3_84.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 7 --

huict iours ils estoient assez forts pour ouurir les Portes à Monsieur
le Comte, afin de luy faire oublier toutes les injures receües
dans la joye d’vn tres-glorieux triomphe.

 

C’est à vous à sçauoir les motifs qui ont obligé ce Ministre à
ne se pas preualoir de ces aduantages : vous estes à la Cour, &
par maniere de dire à la porte du Sanctuaire : Vous ne manquez
pas d’amis qui peuuent satisfaire vostre curiosité ; & par mesme
moyen la nostre. Et comme par tout il y-a des esprits
qui s’emportent : quelques vns passoient encor plus auant,
en accusant de perfidie & de trahison celuy à qui nous auons
obligation de nostre accommodement ; il n’a pas informé
le Conseil au vray comme les choses se passoient, à ce que
disoit quelqu’vn de la trouppe. I’appris là qu’il auoit menty
en nostre faueur, & qu’il auoit escrit que les forces du
Parlement estoient tres-considerables, & que les trouppes de
Monsieur nostre Gouuerneur n’estoient que de quatre ou cinq
cens pillards, combien qu’elles passassent effectiuement cinq
mille hommes, sans y comprendre les Regimens d’Infanterie
qu’on attendoit de jour à autre pour la renforcer : Ie dis en moy-mesme,
Heureuse la coulpe qui nous a sauuez : car combien
que ie sois seruiteur du Roy, & que ie souhaite auec vne passion
qui n’est pas commune le restablissement de son Authorité, ie
suis d’ailleurs ennemy du sang, & ne sçaurois voir la desolation
d’vne Ville peuplée comme la nostre sans vn extreme déplaisir.
I’en oyois d’autres qui declamoient contre la douceur, & qui disoient,
Que ce n’est pas bien cognoistre la nature des hommes
que de s’imaginer qu’ils se portent à la vertu pour l’amour de la
Gloire, qui en est l’accident inseparable, attendu que la pluspart
ne sont gens de bien que par l’impuissance de mal-faire, ou
par l’apprehension d’estre chastiez s’ils s’escartent de leur deuoir.
Ie voulus dire à celuy qui tenoit ce discours, Que nous viuons sous
la Loy de Grace, & non pas sous les regles indispensables qui
permettoient de rendre soufflet pour soufflet. Et de plus, Que
la clemence estoit vne vertu qui rendoit les Roys semblables à
Dieu : mais d’abord il me ferma la bouche en repartant, Que
Iesus-Christ seul entre les Legislateurs auoit vsé de plus épouuantables
menaces, & que dans ses discours il a tousiours meslé la
crainte d’vne gesne eternelle, & d’vn feu qui ne se peut esteindre ;

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1649], RESPONSE D’ARISTE A CLYTOPHON SVR LA PACIFICATION DES TROVBLES DE PROVENCE. , françaisRéférence RIM : M0_3390. Cote locale : C_3_84.