Remueurs d’Estat.

Vne exception apportere-ie a tout ce que i’ay cy dessus
deduit. Qu’il se pourra faire qu’en l’âge foible de
nostre Roy, quelqu’vn sera si temeraire, de vouloir remuer
ses sujets, ou sous pretexte de la Religion, ou du bien public,
pour s’auantager au desauantage de nostre Roy. Tout
ainsi qu’vne petite maladie croist & destruit le corps, si
d’heure le medecin n’y applique le remede propre : aussi en
ce premier mouuement, de remuemens, si vous n’y apportez
la force & l’authorité pour arrester le cours d’vn
tel mal-heur, il embrasera les quatre coins & le milieu de
la France. La medecine premiere sortira des Cours Souueraines,
& c’est enquoy vous cognoistrez de quel poix & necessité
elles sont, par l’arrest desquelles, celuy-là sera declaré
crimineux de leze Majesté, & tout d’vne suitte donnerez
la force pour l’executer auec le fer, & le feu suiure
d’vne telle ardeur qu’il soit inuesty en quelque place qu’il
se renferme : & que là sans le receuoir à mercy il soit pris
afin que par sa teste le reste de la France soit destourné de
penser seulement à tomber de là en auant en vne si lourde
faute, & que de ses cendres on en face vne medecine à la
posterité. Ia Dieu ne plaise, que ie presume aucun mal en
aucun Seigneur de la France, m’asseurant de la fidelité generale
de tous : bien puis-ie dire en passant, qu’vne iniure
soufferte en attire quant & soy mille autres & au contraire
qu’vne iniure vengée estouffe tous les mal-heureux desseins
que l’on voudroit projetter.

Predicateurs.

LA faculté de bien dire en la bouche d’vn predicateur
est vn beau & riche present de nature, lequel augmenré
& cultiué par long vsage & estude, donne lumiere &
ornement aux belles conceptions de son esprit, qui regarde
le salut de nos ames. Mais s’il veut mal vser de sa douceur