Anonyme [1649], REMERCIMENT DE PARIS A MONSEIGNEVR LE DVC DORLEANS, POVR LE RETOVR DV ROY ET DE LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_3275. Cote locale : C_8_47.
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Les plus froids deuenus mutins
Renouuelloient les Maillotins,
Tout chacun auec grande brigue
Trauailloit à grossir sa ligue.
Cependant on mouroit de faim,
Les pauures pleuroient pour du pain ;
Les Conuois lassoient la jeunesse,
On ne iuroit que par Gonnesse,
C’estoit alors le plus sainct Nom,
Et le lieu du plus grand Renom ;
Les Marchands quittans leur boutique
Mettoient les mousquets en pratique,
Pour aller chercher par les Champs
Quelques viures bons ou méchans,
Et dans vn temps si pitoyable,
Vn boiteux couroit comm’vn Diable,
Les Coyons estoient aguerris,
Les femmes suiuoient leurs maris,
Chacune estoit vne Amazone,
Les Riches demandoient l’aumosne ;
Vn Amoureux le plus galan
N’alloit iamais sans pain chalan,
Et les Dames les plus Coquetes
Ne vouloient point d’autres fleuretes :
Vn boisseau d’orge ou bien de son
Valloit bien mieux qu’vne Chanson :
Vn discours fait tout de farine
Sçauoit charmer la plus chagrine,
Et les moins aimables Amans
Qui faisoient de tels Complimens
Passoient alors pour des Oracles,
Et faisoient plus que des miracles ;
C’estoit pour vous en asseurer
Vn temps de rire & de pleurer :
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Anonyme [1649], REMERCIMENT DE PARIS A MONSEIGNEVR LE DVC DORLEANS, POVR LE RETOVR DV ROY ET DE LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_3275. Cote locale : C_8_47.